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Abstract

Ce dossier retrace deux siècles d’histoire religieuse à Madagascar, depuis l’arrivée des missionnaires en 1820 jusqu’aux recompositions contemporaines. Il met en lumière la manière dont la religion a servi à la fois d’outil spirituel, de vecteur de pré-colonisation et de levier de contrôle social. L’étude analyse d’abord le socle spirituel autochtone – culte des ancêtres, hasina, sampy – avant d’examiner l’imposition du christianisme, la fusion entre évangélisation et colonisation, puis l’effacement progressif des repères traditionnels. La période coloniale a transformé l’éducation confessionnelle en instrument de formation d’auxiliaires pour l’administration et l’économie de plantation, renforçant la dépendance structurelle. Après l’indépendance, les Églises sont restées des acteurs majeurs de l’éducation, de la santé et de la médiation politique, jouant un rôle de contre-pouvoir mais aussi de palliatif à l’absence d’un État fort.

L’analyse comparative avec d’autres pays africains (Éthiopie, RDC, Mozambique, Botswana, Maurice, Comores) révèle que la variable déterminante n’est pas la religiosité en soi, mais la manière dont la religion est intégrée dans la culture nationale et articulée avec des institutions stables. Les pays pluralistes ou hybrides présentent des indicateurs de développement et de stabilité supérieurs, tandis que les pays fortement assimilés religieusement et colonisés restent fragiles. L’article conclut que le défi malgache consiste à transformer la religion, longtemps vecteur de domination, en levier de souveraineté et de développement, à travers une réappropriation de l’éducation, de la mémoire historique et de la connaissance.

 

 

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Une réponse

  1. Cet article sur lhistoire religieuse de Madagascar est fascinant, mais je suis resté sur ma faim quant à savoir si les missionnaires de 1820 avaient prévu que léducation deviendrait un outil de contrôle social, plutôt quun simple vecteur de pré-colonisation. Lidée que la religion, souvent perçue comme un outil spirituel, ait aussi servi de levier de contrôle social est particulièrement perspicace. La transformation de léducation confessionnelle en instrument de formation dauxiliaires pour ladministration et léconomie de plantation est une leçon apprise, mais elle nous fait sourire de voir comment les choses évoluent. Lanalyse comparative avec dautres pays africains est également intéressante, mais elle nous fait douter si la religiosité en soi est déterminante, ou si cest plutôt la manière dont elle est intégrée dans la culture nationale. En conclusion, le défi malgache de transformer la religion en levier de souveraineté et de développement est un défi à relever, et nous espérons que Madagascar trouvera la bonne voie.SVG compress optimize

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