Date : 31/10/25
Introduction
Un Premier ministre contesté par son passé. Un discours présidentiel de refondation. Un gouvernement mêlé où coexistent profils controversés et ministres reconnus pour leur probité. Le pays demande des preuves simples et visibles. Le premier test est déjà là avec le PLFI 2026 approuvé peut-être trop vite.
Le PLFI 2026 est le Projet de Loi de Finances Initiale pour l’exercice budgétaire 2026 de Madagascar. Il fixe, pour l’année, les ressources et les charges de l’État, les équilibres budgétaires et de financement, ainsi que les priorités de dépenses par missions et programmes. Il est élaboré par le ministère chargé des Finances, approuvé en Conseil des ministres, puis transmis au Parlement pour adoption et promulgation. Le dossier comprend généralement le rapport économique et financier, les mesures fiscales, les plafonds par ministère et la programmation de la dette. Il se distingue d’une loi de finances rectificative qui ajuste le budget en cours d’année, alors que la loi de finances initiale ouvre l’année et en fixe l’architecture de référence.
Un amendement dudit PLFI 2026 viendra, certainement, et ultérieurement pour contrebalancer cet état de fait. La confiance ne viendra pas des mots. Elle naîtra de résultats mesurables et de données ouvertes.
Le fait politique
Le gouvernement est installé avec vingt-neuf portefeuilles. La confiance reste conditionnelle et dépend de preuves hebdomadaires que l’on appréciera par la suite.
La Primature fixe le cap : le ministère de la Refondation traduit ce cap en objectifs, calendriers et données publiques.
Le bloc régalien : Intérieur, Décentralisation, Sécurité publique, Défense, Gendarmerie, Justice, Communication. Avoir un code de conduite, décrire la chaîne de responsabilité, avoir un relevé hebdomadaire des incidents et faire un calendrier d’audiences anti-corruption.
L’économie : Économie et Finances, Énergie et Hydrocarbures, Eau, Assainissement et Hygiène, Mines et Ressources stratégiques, Commerce et Consommation, Industrialisation et développement du secteur privé. Avoir moins de coupures, respecter des horaires fiables, publier les volumes de carburant, publier les contrats en ligne, faire les premiers audits.
L’appui : Transports et Météorologie, Aménagement et Foncier, Travail et Fonction publique, Développement numérique et Télécommunications. Lever les goulets logistiques, tracer les ressources humaines critiques, ouvrir les canaux numériques.
Le social : Santé, Éducation, Enseignement, Agriculture et Élevage, Population et Solidarité, Tourisme, Pêche et Économie bleue, Environnement. Choisir les diagnostics prioritaires et assurer la continuité des services.
La diplomatie : faire un calendrier public et ouvrir les jeux de données.
Le discours de rupture face au passif
Le Président de la Refondation parle de souveraineté, de justice et de transparence. Les mots sont justes. Le pays n’évalue pas un lexique. Le pays évalue une capacité à faire. La crédibilité repose sur une architecture visible de décision.
Objectifs : Chiffres / Calendriers.
Responsables : Chaque semaine doit produire une preuve. Chaque mois doit montrer un progrès pour rassurer une base qui pour l’instant reste dans un sentiment de défiance.
Un Cabinet mêlé – Risque et opportunité
Le Cabinet mêle deux lignes qui se contredisent souvent. La Primature promet la rupture, tandis que l’appareil administratif reste celui d’hier. Le ministère chargé de la Refondation affiche des objectifs publics, mais la validation accélérée du PLFI 2026 a suivi une logique de continuité. Le bloc régalien dit garantir l’État de droit, alors que l’équilibre entre Intérieur, Sécurité, Défense et Communication peut affaiblir la Justice si les règles ne sont pas publiées. Le pôle économique annonce des résultats rapides sur l’énergie et l’eau, mais dépend encore des chaînes d’approvisionnement, des arriérés et des contrats hérités. Les Affaires étrangères recherchent l’adhésion des partenaires, mais l’adhésion intérieure reste fragile faute de consultation ouverte. L’ambiguïté centrale est là. La refondation s’énonce au sommet et s’exécute dans des ministères encore traversés par les routines de l’ancien cycle.
Le peuple et ses priorités
La confiance naît d’améliorations concrètes. De l’eau qui arrive. De la lumière qui tient. D’un calendrier de délestage respecté. D’un responsable identifié qui répond aux questions. Les indicateurs et les jeux de données doivent être publiés dans un format simple et réutilisable. Le citoyen doit pouvoir vérifier par lui-même.
La Génération Z – Énergie civique et recomposition
La Génération Z a été tenue à distance des consultations. Elle doit se réinventer pour peser. L’horizontalité a permis la mobilisation. Elle limite la capacité d’exécution. Un noyau délégué et mandaté peut coexister avec une base ouverte. Des rituels de décision simples. Un secrétariat de méthode. Des représentants révocables. Des passerelles avec la diaspora et les corps intermédiaires. Sans cela, la vague se disperse et laisse d’autres écrire le récit.
Financer la transition sans renier la souveraineté
Les finances publiques abordent la transition avec un déficit structurel et une trésorerie fragile. Les recettes restent volatiles et concentrées sur quelques postes douaniers. La masse salariale et les subventions énergie saturent l’espace budgétaire, tandis que des arriérés persistent sur la chaîne eau et électricité. L’investissement utile recule au profit de dépenses incompressibles. Les partenaires techniques et financiers ont suspendu des appuis budgétaires ou avancent avec prudence. La défiance tient à la qualité des comptes, aux procédures de passation et au signal institutionnel envoyé par la séquence politique. L’approbation précipitée du PLFI 2026 sans débat crédible n’a pas rassuré. Sortir de l’ornière exige un plan de trésorerie transparent, un audit des arriérés, des priorités réalistes et des données ouvertes.
Trois leviers existent.
Redéploiement budgétaire : Mettre en tête les dépenses à effet rapide sur eau et électricité. Geler le non essentiel. Apurer les arriérés qui bloquent la production.
Recettes immédiates : Cibler quelques points douaniers à fort rendement. Mesurer. Publier. Sécuriser.
Outils de pont transparents : Un fonds d’urgence borné dans le temps avec gouvernance indépendante. Publication intégrale des termes et contrôle externe. La diaspora peut contribuer si la traçabilité est totale et si l’usage des fonds est vérifiable.
Les partenaires extérieurs observent
Les partenaires attendent des signaux de droit et des chiffres. Ils ne trancheront pas sur un récit. Ils réagiront à des preuves. Un calendrier public de soixante jours comme annoncé par le Président, respecté et documenté, vaut plus que des discours. La crédibilité vient d’abord de l’intérieur.
Conclusion : La promesse ou la preuve
La refondation se prouve par la donnée et par des résultats visibles. Le PLFI 2026 place le gouvernement devant une contradiction. Continuité administrative ou rupture assumée. Le choix se lit dans les annexes budgétaires, dans les réaffectations et dans la place donnée aux priorités vitales. La Génération Z peut se doter d’outils de gouvernance et d’alliances civiques et techniques. Le peuple jugera aux faits. Si les preuves s’installent, la confiance revient. Sinon, la défiance reprend sa place.
Sources et traçabilité
Communiqués officiels. Journal officiel. Texte et annexes du PLFI 2026. Décrets de nomination et organigrammes. Données officielles énergie et eau.
Sources secondaires : Rapports d’institutions et presse de référence.
Rédaction – Diapason