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Date : 17/10/25

Introduction

La Génération Z a ouvert une brèche civique. Le premier objectif est atteint avec le départ du président. Dans le même mouvement, une double captation du pouvoir s’est engagée par une partie de l’appareil militaire et par des acteurs politiques installés. Le choix est désormais simple. Soit subir une restauration de l’ancien système sous d’autres habits. Soit transformer l’énergie sociale en mandat civique, avec des valeurs lisibles et une feuille de route courte qui protège les vies et les services essentiels.

Où en sommes-nous après le départ du président

Le pays entre dans une zone de flottement institutionnel et symbolique. La rue a imposé le tempo. La décision d’écarter le chef de l’État a validé un premier palier de la pression citoyenne. Dans le même temps, l’annonce d’un intérim militaire et l’activation rapide de réseaux politiques chevronnés ont déplacé l’axe de décision. Les signaux publics et les récits médiatiques ont créé un effet halo qui fige la perception et installe l’idée de fait accompli. Il faut donc revenir aux fondamentaux. Dater les faits. Séparer ce qui est confirmé de ce qui est contesté. Redonner la main à un processus civique clair.

 

 Cadre constitutionnel effectif

Décret de dissolution de l’Assemblée nationale

Institutions à l’instant T

Serment prévu le 17/10/25

Points juridiques à surveiller

 La vague civique chevauchée

Constat simple

Conclusion provisoire

Le mouvement n’est pas un coup d’État. Il demeure une révolte populaire qui rappelle 1972 par son ressort social. C’est la traduction institutionnelle qui dévie vers une captation militaire et partisane. Cette distinction est cruciale pour préserver le capital moral accumulé.

Un coup d’État, c’est la prise du pouvoir au sommet de l’État par un petit groupe qui bypasse les règles constitutionnelles. Au regard des faits établis, on est face à une prise de pouvoir militaire hors chaîne constitutionnelle, donc un coup d’État.

Pourquoi

Nuance nécessaire

L’origine de la séquence est une révolte civique proche de 1972 dans son ressort social. Mais la qualification de coup porte sur la méthode de capture du pouvoir exécutif par l’autorité militaire, pas sur le caractère initial du mouvement. (AP News)

Conséquence pratique

Pour retrouver une trajectoire compatible avec le droit et la reconnaissance internationale. Retour rapide à un dispositif civil piloté sous contrôle juridictionnel HCC (ou l’équivalent), avec calendrier électoral court et garanties de neutralité des forces. (hcc.gov.mg)

Crescendo Gen Z en cinq paliers

  1. Étincelle vitale. Pénuries, arrestations, dignité blessée.
  2. Rue en ébullition. Quartiers, lycées, campus et réseaux.
  3. Structuration minimale. Collectifs, principes publics, non-violence.
  4. Épreuve de vérité. Récits concurrents, pressions extérieures, provocations.
  5. Point de bascule. Recyclage contrôlé ou rupture ordonnée.

Message du moment

Nous sommes entre l’épreuve de vérité et le point de bascule. La fenêtre est courte. Il faut passer de la force sociale à la capacité de gouvernance.

Éviter le piège Népal – Du stade 4 au stade 5

Le piège Népal[1], c’est la dérive vers la confusion qui permet une restauration. Violences périphériques, pillages téléguidés, leaders artificiellement promus, militarisation rampante, négociations opaques.

Le défi consiste désormais à franchir le stade 5, la rupture politique. Cette transition exige un changement de logique :

  1. Clarifier la légitimité du mouvement : une charte Génération Z Madagascar doit définir les valeurs, les lignes rouges et la stratégie de non-violence.
  2. Structurer la représentation : des porte-paroles élus, un conseil civique provisoire, une coordination nationale et régionale.
  3. Transformer la colère en processus politique : consultation publique, calendrier électoral clair, supervision indépendante.
  4. Créer des garanties de rupture : transparence patrimoniale, financement politique vérifiable.
  5. Mobiliser la diaspora et les PME : un pacte jeunesse-économie pour restaurer la confiance.
  6. Sécuriser l’information : baromètre citoyen, vérification des faits, open data.
  7. Préparer la relève : écoles civiques, leadership public, transition générationnelle.

L’enjeu n’est pas la vitesse, mais la structure : transformer un cri en architecture. Car c’est souvent là que les révolutions s’éteignent, dans l’absence de forme.

En résumé, voici les 3 choix possibles :

 

Avant d’ouvrir les scénarios, clarifions la lentille qui déforme le réel en période de crise.

Effet halo et bataille de perception

Une information frappante donne une impression générale qui colore tout le reste. Un détail devient une lentille. On juge l’ensemble à travers ce détail.
Admettons qu’une information non vérifiée est lancée sur la toile, celle-ci gagne en puissance avec la viralité du sujet et les outils technologiques (canaux, algorithmes, hashtags…). Elle atteint une masse critique, tout le monde en parle et tout le monde pense qu’elle est vraie sinon on n’en parlerait pas. Cette information devient une vérité sans qu’elle ait pu être vérifiée.
Même si l’information s’avère partielle ou inexacte, l’effet halo persiste : le récit collectif s’est fixé avant la vérification.
« L’effet halo transforme un fait en symbole, et un symbole en vérité. La bataille politique se perd souvent avant la bataille de preuves. »
Antidote : Dater chaque annonce. Recouper. Séparer faits, interprétations et hypothèses. Publier des indicateurs vérifiables sur services, sécurité civile et décisions formelles.

Guerre asymétrique version Gen Z

Définition
Conflit de nature politique où le camp qui dispose de moins de moyens remplace la force matérielle par l’agilité, la capillarité sociale, l’information et la légitimité. Ici, il s’agit d’une confrontation civique non violente qui utilise les réseaux, la preuve et la discipline pour imposer des décisions publiques.

Opportunités
Capillarité sociale et coût d’entrée faible. Apprentissage collectif rapide. Avantage moral face à toute répression indiscriminée. Effet réseau et récit documenté. Risque politique élevé pour le pouvoir en cas d’escalade.

Menaces
Fatigue et dispersion. Infiltration, provocations et actions sous faux drapeau. Désinformation et fractures internes. Dilemme du mouvement sans délégation. Pression économique sur les ménages. Jeux d’acteurs extérieurs.

Conséquence pratique
Transformer l’asymétrie en gains politiques mesurables. Charte publique de non-violence. Langage commun simple. Coordination civique opérationnelle visible et comptable de ses engagements. Tableau de bord hebdomadaire.

Diaspora Gen Z et Gen Z Madagascar – Le déphasage et le pont

Le déphasage

La diaspora dispose de ressources cognitives et de réseaux, mais elle perçoit parfois la séquence à travers un prisme médiatique et juridique décalé. La Gen Z Madagascar vit la contrainte quotidienne, la pression de sécurité et la fatigue. Le tempo, les risques et la grammaire de l’action divergent.

Le pont opérationnel

Avant d’ouvrir les trajectoires possibles, prenons la mesure d’un ressort clé du moment. La résilience malgache.

Résilience malgache

La résilience malgache s’exprime d’abord par un dégagisme clair qui a servi d’objectif majeur et a permis de rompre l’inertie. Après des années de contraintes vécues sous la présidence Rajoelina, une partie du peuple pourrait considérer que changer de visage suffit pour avancer et retrouver un quotidien moins pénible. Ce réflexe est compréhensible mais il porte un risque pour la Génération Z. Le second objectif qui consiste à transformer le système plutôt que la seule tête de l’exécutif peut s’éloigner si la société accepte un apaisement minimal en échange d’une stabilité immédiate. S’ajoute un décalage de vitesse entre l’énergie de la Génération Z et le tempo du pays profond. Les jeunes veulent aller droit au but tandis que la majorité aspire à des gains concrets et progressifs. La résilience doit donc conjuguer soulagement rapide et cap sur la refondation. Il faut sécuriser des résultats visibles sur l’eau, l’électricité et les prix tout en gardant la boussole du changement institutionnel pour que le dégagisme ne devienne pas une simple parenthèse.

À partir de ce réalisme social, regardons maintenant ce que chaque scénario rend possible ou impossible.

Les choix maintenant : scénarios réalistes

Posé ce cadre de lecture, regardons maintenant ce que chaque trajectoire produit, preuves à l’appui.

  1. Recyclage contrôlé
    – Intérim durable (transition interminable),
    – Règles du jeu ajustées pour les dinosaures de la politiques,
    – Concessions symboliques (pour la Gen Z),
    – La rue se fatigue.
    – La restauration de l’ancien système s’installe.
  2. Rupture partielle
    – Violences,
    – Heurts,
    – Prétextes sécuritaires,
    – Perte du capital moral et ouverture à des acteurs opaques.
  3. Rupture réelle
    – Mandat citoyen explicite,
    – Coordination civique opérationnelle civile,
    – Feuille de route 90 jours,
    – Arbitrage juridictionnel sur les points de droit,
    – Continuité des services essentiels.C’est la seule trajectoire compatible avec une sortie digne et stable.

Imposer les valeurs et la feuille de route Gen Z

Valeurs cardinales

– Non-violence,
– Dignité,
– Neutralité des forces,
– Transparence,
– Inclusion sociale et territoriale.

Feuille de route courte

Lignes rouges

– Aucune atteinte aux personnes.
– Zéro pillage.
– Protection stricte des hôpitaux, écoles, marchés, lieux de culte, infrastructures
d’eau et d’électricité.
– Zéro militarisation du mouvement.
– Zéro opacité sur financements et négociations.

Se préparer à gouverner – De l’énergie à la capacité

Coordination civique opérationnelle

– Mission : Assurer la continuité des services vitaux.
– Poser les bases du changement de système.
– Documenter chaque engagement.
– Pôles : Eau énergie et prix du panier / État de droit et libertés / Finances publiques et contrats.
– Rôles : Coordination générale / Porte-parole / Liaison civilo militaire pour la désescalade et la protection / Responsable juridique / Responsable logistique et données.

Diplomatie d’appui

Informer les partenaires régionaux et internationaux du caractère civique du processus, des lignes rouges et du calendrier court.

Transparence

Publication hebdomadaire des promesses et réalisations, avec preuves simples et vérifiables.

Conclusion

La Gen Z a montré qu’elle savait soulever un pays sans promesse de miracle. Elle doit maintenant imposer ses valeurs et sa feuille de route. Le temps de la rue s’achève si le temps du droit et de l’organisation ne prend pas le relais. Se préparer à gouverner, c’est protéger les vies aujourd’hui, fixer des règles lisibles pour demain et neutraliser les tentations de captation. C’est refuser de subir une restauration de l’ancien système maquillée en ordre et assumer la responsabilité d’une rupture ordonnée.

Rédaction – Diapason

[1] https://www.diapason.mg/le-piege-nepal-sous-la-vague-generation-z-la-recomposition-du-monde/

 

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