Entre Impunité et Répression – L’Érosion des Principes Démocratiques

Diapason est un « think tank » qui veut poser des questions, nourrir le débat, valoriser les initiatives et favoriser l’innovation socio-économique et politique pour le développement de Madagascar. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du think tank. Nos valeurs Boussole / Cap Indépendance politique Multiculturel Vision à long terme Trait d’union entre savoir et pouvoir Éducation Recul nécessaire Liberté d’action Disruptif Bonne lecture ! § Entre Impunité et Répression : L’Érosion des Principes Démocratiques Les événements des dernières années nous montrent, malheureusement, un déclin inquiétant de la démocratie à Madagascar. Au lieu de servir les intérêts du peuple, ceux qui détiennent le pouvoir semblent de plus en plus tourner le dos à leurs responsabilités, agissant selon des règles qui leur sont propres, souvent loin des attentes des citoyens. Les institutions essentielles pour la démocratie, telles que les journalistes chargés de dénoncer les abus de pouvoir, les tribunaux censés garantir l’égalité devant la loi, et les ONG protégeant les droits fondamentaux, sont aujourd’hui réduites au silence. Elles sont étouffées par la peur des représailles et l’ingérence politique, incapables d’agir librement. L’État de droit, pierre angulaire de toute démocratie, est en train de se désintégrer sous nos yeux. Ce n’est plus un simple problème institutionnel, mais un défi existentiel pour notre avenir collectif. En regardant de près l’évolution de ces dernières années des six domaines clés liés à la démocratie, on constate que : Justice – L’indépendance de la justice est systématiquement bafouée par les ingérences politiques, et le manque de moyens a paralysé un système judiciaire déjà fragile. La Constitution elle-même est ignorée, et les libertés fondamentales sont en péril. Lutte contre la corruption – Les agents publics et les hauts fonctionnaires et hauts gradés surtout, mus par un désir insatiable de gains faciles et protégés par une impunité totale, ont institutionnalisé pratiquement la corruption. Les affaires scandaleuses médiatisées restent impunies, et les lanceurs d’alerte sont laissés sans protection. Liberté des médias – La presse, qui devrait être un rempart contre les abus de pouvoir, est désormais sous pression. De nombreux médias sont contrôlés par ceux-là mêmes qui devraient être surveillés, compromettant leur impartialité et leur rôle de gardien de la vérité. Contre-pouvoirs – Des lois adoptées dans l’urgence sont pensées pour court-circuiter les mécanismes de contrôle démocratiques. Les institutions censées protéger les droits des citoyens sont réduites au silence, et les élections, cœur de la démocratie, sont sérieusement menacées. Espace civique – Les ONG, essentielles à la défense des droits humains, sont attaquées et privées de leurs moyens d’action. Les manifestations pacifiques sont réprimées violemment, et de nouvelles lois toujours plus restrictives rendent toute forme d’opposition dangereuse. Droits humains – Les libertés de parole, d’association et de réunion sont de plus en plus restreintes. Les autorités utilisent la force excessive contre les manifestants, étouffant toute velléité de contestation. Nous ne pouvons plus ignorer cette érosion des principes démocratiques. L’heure est venue de réagir. La démocratie n’est pas un luxe, mais une nécessité pour garantir la justice sociale, les libertés individuelles et l’équité pour tous les Malagasy. Il est impératif de rétablir l’État de droit, de protéger nos institutions et d’affirmer nos droits fondamentaux. Unissons-nous, citoyens malagasy, pour redonner vie à la démocratie. Ne laissons pas l’impunité et la répression détruire nos rêves de liberté et de bonheur dans la paix. Zaza Ramandimbiarison Télécharger l’article : Ici 🗞
Mantchini Traoré : Accompagner et Former la Jeunesse pour l’Afrique de Demain

Abstract Cet entretien avec Mantchini Traoré met en lumière son engagement en faveur d’un développement africain centré sur la jeunesse et la culture. Issue du Mali, elle a bâti un parcours unique, alliant expertise institutionnelle et travail de terrain dans les industries culturelles et créatives. Son initiative phare, L’Instant Thé, repose sur une approche « bottom-up », où les jeunes deviennent acteurs du changement au sein de leur communauté. Inspiré du concept malien des Grins – espaces de discussion et de réflexion –, ce programme accompagne les jeunes dans leur engagement citoyen et leur apprentissage de l’entrepreneuriat social. L’objectif est clair : former une génération de leaders capables de répondre aux défis du continent par des solutions locales et durables. L’impact est tangible : après plusieurs éditions au Mali, 300 jeunes engagés et 15 projets communautaires ont vu le jour. Ces initiatives touchent des secteurs variés, de l’environnement à l’autonomisation des femmes, en passant par la lutte contre la toxicomanie. L’approche innovante de L’Instant Thé s’appuie sur la culture, le digital et la création artistique comme outils d’éducation et de sensibilisation. Dans la continuité de ces actions, deux nouveaux projets innovants renforcent cette dynamique de transformation : Sa collaboration avec l’ONG RAES dans le cadre de leur programme Alley-Oop Africa, un projet panafricain mêlant sport, engagement citoyen et médias digitaux, destiné à sensibiliser et accompagner les jeunes dans leur développement personnel et collectif. À travers une docu-série et une académie de formation au Sénégal, il mobilise des jeunes de 7 pays africains, en s’appuyant sur la notoriété du basket et des sportifs de haut niveau pour diffuser des valeurs de solidarité et de responsabilité. L’internationalisation de L’Instant Thé, avec une adaptation du concept dans un autre pays d’Afrique de l’Ouest, en partenariat avec le ministère en charge de la jeunesse. L’objectif est de structurer une communauté de jeunes leaders à l’échelle régionale, en leur offrant un cadre de formation, de mentorat et d’action pour répondre aux défis locaux. Cet engagement s’inscrit dans une vision plus large du panafricanisme appliqué, où le développement repose avant tout sur les ressources humaines et culturelles locales. Pour Mantchini Traoré, l’avenir de l’Afrique se joue sur sa jeunesse : lui offrir les moyens de se former, d’innover et de s’impliquer est la clé d’un développement durable et autonome. Télécharger l’article : Ici 🗞
Combattre la pauvreté par l’éducation

Abstract Nous analysons le lien entre éducation et pauvreté à Madagascar, soulignant que plus de 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (2022). L’étude met en évidence le rôle crucial de l’éducation pour briser ce cycle et révèle que le niveau de scolarisation influence directement le taux de pauvreté : 97 % des analphabètes sont pauvres, contre seulement 17 % pour ceux ayant poursuivi des études supérieures. Malgré un taux de scolarisation primaire élevé, la rétention scolaire est faible et la majorité des enfants n’acquièrent pas les compétences de base. L’article pointe également les lacunes du système éducatif en termes de financement, d’infrastructures et de formation des enseignants. Il plaide pour des investissements à long terme et une stabilité des politiques éducatives afin d’assurer un développement durable et inclusif pour Madagascar. Télécharger l’article : Ici 🗞 Lecture de l’article 6 minutes et 16secondes Des « capabilités » pour ne pas confiner la démocratie aux mécanismes institutionnels. La conférence sur le thème : « Où en sommes-nous de la démocratie à Madagascar ? » nous aura permis de circonscrire le concept au travers de deux courants d’opinions, antithétiques, qui dominent les échanges (Pr Jean-Fabien Spitz) : une large majorité reconnaît à la démocratie, expression de la volonté collective, une souveraineté par nature, que lui refusent les tenants de la conception dite substantielle, qui y voient, au contraire, « quelque chose de très dangereux » dont l’expression doit être contrôlée si on veut lui conférer quelque légitimité. Bref, on a affaire à une notion tellement « élastique » que la plupart des dirigeants se réclament de la démocratie sans craindre d’être taxés de démagogues. Les études ont montré qu’une définition littérale, formelle, de la démocratie ne saurait suffire d’autant qu’elle peut être mise en œuvre de différentes manières selon les pays, les cultures et les périodes historiques. Il existe donc plusieurs types de démocraties : directes, indirectes, représentatives, participatives, etc., à des degrés divers qui plus est. Ajoutons qu’au-delà des voies d’exercice du pouvoir proprement dites, une démocratie fonctionnelle repose sur des principes fondateurs censés permettre de garantir aux citoyens – qui concourent à l’expression de la volonté collective – la capacité de disposer de conditions de vie dignes et de droits fondamentaux, parmi lesquels figurent en bonne place l’expression des opinions politiques et la participation aux élections. Amartya Sen fait appel à d’autres critères d’appréciation. Les choses ne sont pas aussi simples pour autant, à en croire notamment l’économiste indien Amartya Sen, qui pousse la réflexion à un autre niveau en conjuguant développement et philosophie politique pour ne pas cantonner la démocratie aux simples mécanismes institutionnels. Les décisions politiques ou économiques, prises au niveau collectif, découlant foncièrement d’un arbitrage imparfait entre les besoins exprimés, Amartya Sen estime que les inégalités entre les individus ne s’apprécient pas au regard de leurs seules dotations en ressources mais de leurs capacités à les convertir en libertés réelles, ce qu’il appelle les « capabilités ». Sa théorie défend « la possibilité pour les individus de faire des choix parmi les biens qu’ils jugent estimables et de les atteindre effectivement ». De faire des choix et de le faire savoir. Il s’agit de capacités élémentaires : opportunités et moyens réels dont dispose une personne pour atteindre ses objectifs et aspirations, libertés substantielles telles que la faculté d’échapper à la famine, à la malnutrition, à la morbidité évitable et à la mortalité prématurée, aussi bien que les libertés qui découlent de l’alphabétisation, de la participation politique ouverte, de la libre expression, etc. La participation politique, qui inclut le droit de vote, figure au rang des capabilités fondamentales en ce qu’elle permet aux individus d’influencer les décisions qui affectent leur vie, contribuant ainsi, dans une sorte de relation circulaire, à favoriser la réalisation d’autres capabilités. Mais, pour que le droit de vote soit une capabilité réelle – un choix éclairé – les individus doivent être informés et éduqués sur les questions politiques et sociales. La cohérence est pertinente : dès lors que, par leur vote, les électeurs peuvent influencer la formation de politiques publiques qui affectent directement leur bien-être (éducation, santé, logement, emploi, etc.), cela peut mener à des améliorations dans les capabilités individuelles et collectives. À supposer, bien entendu, que les organisateurs des consultations aient véritablement ce genre de préoccupations en tête. Les mesures d’accompagnement indispensables sont connues : accès à l’information, garanties des conditions matérielles permettant de se rendre aux urnes, sécurité du scrutin à chaque étape, voies de recours, etc. Des concepts « peu opérationnels ». L’approche par les capabilités d’Amartya Sen est innovante dans la mesure où elle a permis de remettre l’individu au centre des préoccupations dans la réflexion sur la démocratie. Offrant une vision plus complète et nuancée du développement humain, elle a notamment inspiré des initiatives comme la création de l’Indice de Développement Humain (IDH) utilisé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Les critiques portent principalement sur la complexité de l’approche en raison du caractère protéiforme des capabilités et des difficultés pratiques pour les mesurer de manière précise et cohérente. En absence d’une liste établie des « capabilités de base », identifier quelles capabilités seraient plus importantes que d’autres ne peut éviter l’écueil de la subjectivité, d’autant que l’objet de l’étude varie selon les contextes culturels et individuels. À cela s’ajoute une praticabilité sujette à caution, dans la mesure où la mise en œuvre de politiques basées sur cette approche nécessiterait des ressources considérables en termes d’administration des programmes, de coordination intersectorielle, voire de simple compréhension des contextes locaux. D’aucuns ont pu discuter le caractère opérationnel des concepts développés par Amartya Sen pour analyser et évaluer les problèmes de développement dans les différents pays et régions, encore moins pour suggérer des politiques publiques. Il n’en reste pas moins qu’en dépit de ces réserves, l’approche par les capabilités reste une contribution majeure aux débats sur le développement humain et les politiques sociales. Alain Rasendra. (Pour Diapason, Mars 2025). Rédaction – Diapason.
Des « capabilités » pour ne pas confiner la démocratie aux mécanismes institutionnels

Abstract Cet article explore la notion de démocratie au-delà des simples mécanismes institutionnels, en s’appuyant sur les réflexions d’Amartya Sen et son concept de « capabilités ». À travers une analyse critique des différentes conceptions de la démocratie, il souligne l’importance de garantir aux citoyens non seulement des droits politiques formels, mais aussi les moyens réels d’exercer ces droits. L’approche par les capabilités met en lumière le lien entre participation politique, justice sociale et développement humain, tout en soulignant les défis de mise en œuvre de cette vision. Malgré les critiques sur l’opérationnalisation des capabilités, cet article défend leur pertinence pour enrichir les débats sur la démocratie et les politiques publiques à Madagascar et ailleurs. Télécharger l’article : Ici 🗞 Lecture de l’article 6 minutes et 16secondes Des « capabilités » pour ne pas confiner la démocratie aux mécanismes institutionnels. La conférence sur le thème : « Où en sommes-nous de la démocratie à Madagascar ? » nous aura permis de circonscrire le concept au travers de deux courants d’opinions, antithétiques, qui dominent les échanges (Pr Jean-Fabien Spitz) : une large majorité reconnaît à la démocratie, expression de la volonté collective, une souveraineté par nature, que lui refusent les tenants de la conception dite substantielle, qui y voient, au contraire, « quelque chose de très dangereux » dont l’expression doit être contrôlée si on veut lui conférer quelque légitimité. Bref, on a affaire à une notion tellement « élastique » que la plupart des dirigeants se réclament de la démocratie sans craindre d’être taxés de démagogues. Les études ont montré qu’une définition littérale, formelle, de la démocratie ne saurait suffire d’autant qu’elle peut être mise en œuvre de différentes manières selon les pays, les cultures et les périodes historiques. Il existe donc plusieurs types de démocraties : directes, indirectes, représentatives, participatives, etc., à des degrés divers qui plus est. Ajoutons qu’au-delà des voies d’exercice du pouvoir proprement dites, une démocratie fonctionnelle repose sur des principes fondateurs censés permettre de garantir aux citoyens – qui concourent à l’expression de la volonté collective – la capacité de disposer de conditions de vie dignes et de droits fondamentaux, parmi lesquels figurent en bonne place l’expression des opinions politiques et la participation aux élections. Amartya Sen fait appel à d’autres critères d’appréciation. Les choses ne sont pas aussi simples pour autant, à en croire notamment l’économiste indien Amartya Sen, qui pousse la réflexion à un autre niveau en conjuguant développement et philosophie politique pour ne pas cantonner la démocratie aux simples mécanismes institutionnels. Les décisions politiques ou économiques, prises au niveau collectif, découlant foncièrement d’un arbitrage imparfait entre les besoins exprimés, Amartya Sen estime que les inégalités entre les individus ne s’apprécient pas au regard de leurs seules dotations en ressources mais de leurs capacités à les convertir en libertés réelles, ce qu’il appelle les « capabilités ». Sa théorie défend « la possibilité pour les individus de faire des choix parmi les biens qu’ils jugent estimables et de les atteindre effectivement ». De faire des choix et de le faire savoir. Il s’agit de capacités élémentaires : opportunités et moyens réels dont dispose une personne pour atteindre ses objectifs et aspirations, libertés substantielles telles que la faculté d’échapper à la famine, à la malnutrition, à la morbidité évitable et à la mortalité prématurée, aussi bien que les libertés qui découlent de l’alphabétisation, de la participation politique ouverte, de la libre expression, etc. La participation politique, qui inclut le droit de vote, figure au rang des capabilités fondamentales en ce qu’elle permet aux individus d’influencer les décisions qui affectent leur vie, contribuant ainsi, dans une sorte de relation circulaire, à favoriser la réalisation d’autres capabilités. Mais, pour que le droit de vote soit une capabilité réelle – un choix éclairé – les individus doivent être informés et éduqués sur les questions politiques et sociales. La cohérence est pertinente : dès lors que, par leur vote, les électeurs peuvent influencer la formation de politiques publiques qui affectent directement leur bien-être (éducation, santé, logement, emploi, etc.), cela peut mener à des améliorations dans les capabilités individuelles et collectives. À supposer, bien entendu, que les organisateurs des consultations aient véritablement ce genre de préoccupations en tête. Les mesures d’accompagnement indispensables sont connues : accès à l’information, garanties des conditions matérielles permettant de se rendre aux urnes, sécurité du scrutin à chaque étape, voies de recours, etc. Des concepts « peu opérationnels ». L’approche par les capabilités d’Amartya Sen est innovante dans la mesure où elle a permis de remettre l’individu au centre des préoccupations dans la réflexion sur la démocratie. Offrant une vision plus complète et nuancée du développement humain, elle a notamment inspiré des initiatives comme la création de l’Indice de Développement Humain (IDH) utilisé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Les critiques portent principalement sur la complexité de l’approche en raison du caractère protéiforme des capabilités et des difficultés pratiques pour les mesurer de manière précise et cohérente. En absence d’une liste établie des « capabilités de base », identifier quelles capabilités seraient plus importantes que d’autres ne peut éviter l’écueil de la subjectivité, d’autant que l’objet de l’étude varie selon les contextes culturels et individuels. À cela s’ajoute une praticabilité sujette à caution, dans la mesure où la mise en œuvre de politiques basées sur cette approche nécessiterait des ressources considérables en termes d’administration des programmes, de coordination intersectorielle, voire de simple compréhension des contextes locaux. D’aucuns ont pu discuter le caractère opérationnel des concepts développés par Amartya Sen pour analyser et évaluer les problèmes de développement dans les différents pays et régions, encore moins pour suggérer des politiques publiques. Il n’en reste pas moins qu’en dépit de ces réserves, l’approche par les capabilités reste une contribution majeure aux débats sur le développement humain et les politiques sociales. Alain Rasendra. (Pour Diapason, Mars 2025). Rédaction – Diapason.
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« Énergie à Madagascar : sortir de l’impasse ? Décryptage avec des experts » (Vidéo)

« Énergie à Madagascar : sortir de l’impasse ? Décryptage avec des experts » Madagascar fait face à une crise énergétique profonde, freinant son développement économique. Avec seulement 36 % de la population ayant accès à l’électricité, et des zones rurales largement laissées pour compte, le pays est en situation de sous-électrification critique. La JIRAMA, entreprise publique en charge de l’électricité, affiche des pertes abyssales avec un coût de production atteignant 2 946 ariary/kWh (0,74€) contre un tarif de vente moyen de 372 ariary/kWh (0,09€). En 2023, sa dette cumulée a dépassé 625 millions USD, et l’État dépense 227 millions USD par an en fuel lourd pour des centrales inefficaces. Pourtant, Madagascar regorge de ressources hydroélectriques : 403 sites ont été recensés, dont 134 sites stratégiques pouvant doubler ou tripler la production nationale. Mais le manque d’investissements et la mauvaise gouvernance empêchent leur exploitation. Face à cela, le Plan Énergétique Intégré (PEI) prévoit 7,03 milliards USD d’investissements d’ici 2030, avec une stratégie axée sur les mini-réseaux solaires hybrides, les systèmes photovoltaïques individuels et l’expansion du réseau hydroélectrique. Cependant, sans une réforme profonde de la JIRAMA et une participation accrue du secteur privé, ces projets risquent de rester au stade de promesses. L’exemple de pays comme la Malaisie, le Rwanda ou la Côte d’Ivoire montre que le développement énergétique passe par l’implication des entreprises privées. Madagascar doit s’inspirer de ces modèles pour sortir de l’impasse énergétique et amorcer une transformation économique durable. #Diapason_Think_Tank #Madagascar
Madagascar – Entre rêves démocratiques et concentration croissante du pouvoir

Abstract Madagascar se trouve à un tournant décisif entre aspirations démocratiques et une concentration croissante du pouvoir. L’analyse des indicateurs internationaux (Democracy Index, Freedom House, V-Dem) révèle une démocratie en recul, marquée par des élections contestées, une justice perçue comme inféodée et des pressions croissantes sur la presse et l’opposition. La réélection d’Andry Rajoelina en 2023 illustre ces tensions, avec des accusations de fraudes et une validation controversée des résultats. En parallèle, la population malgache fait face à une détérioration des services publics, avec des pénuries d’eau et d’électricité exacerbant les inégalités sociales. L’article met en perspective l’évolution de Madagascar avec d’autres pays ayant suivi des trajectoires similaires, comme la Turquie ou la Hongrie, qui ont vu leur système politique évoluer vers un pouvoir plus centralisé. Toutefois, des exemples positifs existent : le Ghana, l’Indonésie ou la Corée du Sud ont su allier stabilité politique et développement économique grâce à des réformes institutionnelles et économiques audacieuses. Pour préserver un cadre démocratique et favoriser un développement durable, Madagascar pourrait renforcer ses institutions, lutter contre la corruption et diversifier son économie. L’amélioration du climat des affaires, les investissements dans l’éducation et les infrastructures, ainsi qu’une gouvernance plus transparente sont des leviers essentiels pour un avenir plus prospère et inclusif. Télécharger l’article : Ici 🗞
Note de conjoncture économique à Madagascar : Combler le gap de la productivité

LES POINTS MARQUANTS Cette édition de la Note de conjoncture économique de Madagascar souligne que, bien que l’économie malgache se redresse, la croissance reste à la fois inégale et insuffisante pour améliorer significativement le niveau de vie. La Note met en lumière la faiblesse et la baisse de la productivité et souligne la nécessité cruciale de créer des conditions permettant aux entreprises plus productives d’entrer sur le marché et de croître afin de créer davantage d’emplois de meilleure qualité. Pour combler l’écart de productivité, il est essentiel de mettre en place des réformes bien conçues pour améliorer l’environnement des affaires, ainsi que des mesures visant à renforcer les capacités des entreprises et à promouvoir l’esprit d’entreprise. Le rapport « Note de conjoncture économique : Combler le gap de productivité » analyse les évolutions récentes de l’économie malgache et présente ses perspectives à moyen terme. Sa section thématique s’appuie sur les données de l’Enquête sur les entreprises (WBES) de 2022 de la Banque mondiale pour examiner les performances récentes des entreprises en matière de productivité, les principaux moteurs de la croissance de la productivité et les implications pour l’élaboration des politiques. Voici les faits marquants de la Note : 1. L’économie se redresse, mais la croissance reste inégale. Après avoir chuté à -7,1 % en 2020, marquant la plus forte récession depuis la crise politique de 2002, la croissance s’est stabilisée à 4,2 % en 2024. Elle a été principalement portée par l’investissement privé, suivi de la consommation des ménages, tandis que les exportations nettes n’ont pas contribué à cette reprise. Les résultats globaux à l’exportation ont été amoindris, ce qui a ralenti la demande mondiale et fait baisser les prix des principales exportations. L’insuffisance des recettes fiscales limite la capacité du gouvernement en matière d’investissement public et de prestation de services. Malgré les efforts déployés pour stimuler les recettes fiscales, le ratio impôts/PIB reste faible, à 10,8 %. Face à une inflation élevée, la Banque centrale a resserré sa politique monétaire. Le ratio crédit/PIB, fixé à 15,2 % en 2024, reste en deçà de la moyenne régionale de 26,7 % en 2023 en Afrique subsaharienne. Le manque d’accès au financement est une contrainte majeure pour les entreprises. 2. En outre, la croissance économique actuelle ne suffit pas à améliorer de manière significative le niveau de vie, et le taux de pauvreté reste supérieur à celui des pays voisins et des standards internationaux. La croissance actuelle demeure insuffisante pour réduire durablement la pauvreté ou générer un nombre significatif d’emplois. Près de 70 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté international de 2,15 dollars par habitant et par jour, et plus de 70 % souffrent de privations dans l’accès aux besoins essentiels tels que l’éducation, la santé et un logement décent. Seul 54,9 % de la population en âge de travailler est employé, dont 60,7 % dans l’agriculture. Cette forte dépendance à une agriculture à faible productivité, combinée à des opportunités limitées dans des secteurs mieux rémunérés, illustre la persistance de la pauvreté. Par ailleurs, la vulnérabilité de l’économie aux chocs climatiques aggrave encore la pauvreté des ménages. 3. La dynamique de croissance repose sur la mise en œuvre de réformes structurelles essentielles et est exposée à des risques de ralentissement. La croissance devrait progressivement s’accélérer et atteindre son plein potentiel à partir de 2025. Parmi les principales menaces qui pèsent sur ces perspectives figurent les coupures d’électricité récurrentes et le changement climatique, qui affectent particulièrement l’industrie manufacturière et l’agriculture. Pour stimuler la croissance et améliorer les moyens de subsistance, il est crucial d’accélérer les réformes structurelles, notamment dans l’énergie, les mines et le numérique, des secteurs clés pour renforcer la compétitivité et la résilience économique du pays. 4. Il est crucial de favoriser un environnement où des entreprises plus productives peuvent émerger et se développer, afin de générer davantage d’emplois de meilleure qualité. À Madagascar, les 25 % d’entreprises les plus productives versent des salaires pouvant être jusqu’à sept fois supérieurs à ceux proposés par les 25 % d’entreprises les moins productives. Les jeunes entreprises et les entreprises exportatrices, notamment celles qui investissent dans la recherche et le développement (R-D), affichent généralement une meilleure performance en matière de productivité. Cependant, la productivité globale du pays a connu un déclin constant au cours des deux dernières décennies, plaçant Madagascar parmi les nations les moins productives au monde. 5. La croissance de la productivité est entravée par un accès limité au financement, des problèmes d’infrastructure et l’instabilité politique. À Madagascar, seules 8 % des entreprises déclarent avoir accès à un prêt bancaire ou une ligne de crédit. Plus de la moitié (52 %) subissent des coupures d’électricité, et l’état dégradé des routes complique leurs activités. Par ailleurs, 17 % des entreprises considèrent l’instabilité politique comme le principal frein à leur développement, tandis que 30 % signalent un manque de main-d’œuvre qualifiée, limitant ainsi leur croissance. Les entreprises dirigées par des hommes et les entreprises étrangères affichent généralement une productivité plus élevée. En revanche, les entreprises locales et celles détenues par des femmes font face à des obstacles majeurs, notamment un accès restreint au financement, des difficultés à obtenir des certifications de qualité et un manque de personnel qualifié, freinant ainsi leur potentiel de développement. 6. L’amélioration de la productivité nécessitera des réformes bien conçues pour renforcer l’environnement des affaires, ainsi que des mesures visant à accroître les capacités des entreprises et à promouvoir l’esprit d’entreprise. Ces réformes incluent l’adoption d’une législation, telle qu’une loi sur les start-ups, et la simplification des procédures pour faciliter l’entrée et l’exploitation des start-ups, la promotion de la formation à l’entrepreneuriat pour encourager la création de nouvelles entreprises, ainsi que la mise en place d’un programme d’accélération des PME, accompagné d’initiatives de formation des travailleurs et d’adoption de technologies pour renforcer les entreprises existantes. De plus, il est crucial de développer des options de crédit-bail et des services financiers numériques pour élargir l’accès au financement, et de promouvoir des réformes de l’environnement des affaires, telles que la numérisation des services gouvernementaux. Enfin,
Comprendre la situation énergétique de Madagascar

Abstract Madagascar fait face à une crise énergétique profonde, freinant son développement économique. Avec seulement 36 % de la population ayant accès à l’électricité, et des zones rurales largement laissées pour compte, le pays est en situation de sous-électrification critique. La JIRAMA, entreprise publique en charge de l’électricité, affiche des pertes abyssales avec un coût de production atteignant 2 946 ariary/kWh (0,74€) contre un tarif de vente moyen de 372 ariary/kWh (0,09€). En 2023, sa dette cumulée a dépassé 625 millions USD, et l’État dépense 227 millions USD par an en fuel lourd pour des centrales inefficaces. Pourtant, Madagascar regorge de ressources hydroélectriques : 403 sites ont été recensés, dont 134 sites stratégiques pouvant doubler ou tripler la production nationale. Mais le manque d’investissements et la mauvaise gouvernance empêchent leur exploitation. Face à cela, le Plan Énergétique Intégré (PEI) prévoit 7,03 milliards USD d’investissements d’ici 2030, avec une stratégie axée sur les mini-réseaux solaires hybrides, les systèmes photovoltaïques individuels et l’expansion du réseau hydroélectrique. Cependant, sans une réforme profonde de la JIRAMA et une participation accrue du secteur privé, ces projets risquent de rester au stade de promesses. L’exemple de pays comme la Malaisie, le Rwanda ou la Côte d’Ivoire montre que le développement énergétique passe par l’implication des entreprises privées. Madagascar doit s’inspirer de ces modèles pour sortir de l’impasse énergétique et amorcer une transformation économique durable. Télécharger l’article : Ici 🗞 Accédez au Dossier Énergie
Dossier Énergie : Comprendre la situation énergétique de Madagascar

Abstract Madagascar fait face à une crise énergétique profonde, freinant son développement économique. Avec seulement 36 % de la population ayant accès à l’électricité, et des zones rurales largement laissées pour compte, le pays est en situation de sous-électrification critique. La JIRAMA, entreprise publique en charge de l’électricité, affiche des pertes abyssales avec un coût de production atteignant 2 946 ariary/kWh (0,74€) contre un tarif de vente moyen de 372 ariary/kWh (0,09€). En 2023, sa dette cumulée a dépassé 625 millions USD, et l’État dépense 227 millions USD par an en fuel lourd pour des centrales inefficaces. Pourtant, Madagascar regorge de ressources hydroélectriques : 403 sites ont été recensés, dont 134 sites stratégiques pouvant doubler ou tripler la production nationale. Mais le manque d’investissements et la mauvaise gouvernance empêchent leur exploitation. Face à cela, le Plan Énergétique Intégré (PEI) prévoit 7,03 milliards USD d’investissements d’ici 2030, avec une stratégie axée sur les mini-réseaux solaires hybrides, les systèmes photovoltaïques individuels et l’expansion du réseau hydroélectrique. Cependant, sans une réforme profonde de la JIRAMA et une participation accrue du secteur privé, ces projets risquent de rester au stade de promesses. L’exemple de pays comme la Malaisie, le Rwanda ou la Côte d’Ivoire montre que le développement énergétique passe par l’implication des entreprises privées. Madagascar doit s’inspirer de ces modèles pour sortir de l’impasse énergétique et amorcer une transformation économique durable. Nous abordons dans ce Dossier Énergie, la méthodologie et sources des calculs effectués par l’équipe de Diapason. Télécharger l’article : Ici 🗞