La refondation à l’épreuve du réel

Date : 31/10/25 Introduction Un Premier ministre contesté par son passé. Un discours présidentiel de refondation. Un gouvernement mêlé où coexistent profils controversés et ministres reconnus pour leur probité. Le pays demande des preuves simples et visibles. Le premier test est déjà là avec le PLFI 2026 approuvé peut-être trop vite. Le PLFI 2026 est le Projet de Loi de Finances Initiale pour l’exercice budgétaire 2026 de Madagascar. Il fixe, pour l’année, les ressources et les charges de l’État, les équilibres budgétaires et de financement, ainsi que les priorités de dépenses par missions et programmes. Il est élaboré par le ministère chargé des Finances, approuvé en Conseil des ministres, puis transmis au Parlement pour adoption et promulgation. Le dossier comprend généralement le rapport économique et financier, les mesures fiscales, les plafonds par ministère et la programmation de la dette. Il se distingue d’une loi de finances rectificative qui ajuste le budget en cours d’année, alors que la loi de finances initiale ouvre l’année et en fixe l’architecture de référence. Un amendement dudit PLFI 2026 viendra, certainement, et ultérieurement pour contrebalancer cet état de fait. La confiance ne viendra pas des mots. Elle naîtra de résultats mesurables et de données ouvertes. Le fait politique Le gouvernement est installé avec vingt-neuf portefeuilles. La confiance reste conditionnelle et dépend de preuves hebdomadaires que l’on appréciera par la suite. La Primature fixe le cap : le ministère de la Refondation traduit ce cap en objectifs, calendriers et données publiques. Le bloc régalien : Intérieur, Décentralisation, Sécurité publique, Défense, Gendarmerie, Justice, Communication. Avoir un code de conduite, décrire la chaîne de responsabilité, avoir un relevé hebdomadaire des incidents et faire un calendrier d’audiences anti-corruption. L’économie : Économie et Finances, Énergie et Hydrocarbures, Eau, Assainissement et Hygiène, Mines et Ressources stratégiques, Commerce et Consommation, Industrialisation et développement du secteur privé. Avoir moins de coupures, respecter des horaires fiables, publier les volumes de carburant, publier les contrats en ligne, faire les premiers audits. L’appui : Transports et Météorologie, Aménagement et Foncier, Travail et Fonction publique, Développement numérique et Télécommunications. Lever les goulets logistiques, tracer les ressources humaines critiques, ouvrir les canaux numériques. Le social : Santé, Éducation, Enseignement, Agriculture et Élevage, Population et Solidarité, Tourisme, Pêche et Économie bleue, Environnement. Choisir les diagnostics prioritaires et assurer la continuité des services. La diplomatie : faire un calendrier public et ouvrir les jeux de données. Le discours de rupture face au passif Le Président de la Refondation parle de souveraineté, de justice et de transparence. Les mots sont justes. Le pays n’évalue pas un lexique. Le pays évalue une capacité à faire. La crédibilité repose sur une architecture visible de décision. Objectifs : Chiffres / Calendriers. Responsables : Chaque semaine doit produire une preuve. Chaque mois doit montrer un progrès pour rassurer une base qui pour l’instant reste dans un sentiment de défiance. Un Cabinet mêlé – Risque et opportunité Le Cabinet mêle deux lignes qui se contredisent souvent. La Primature promet la rupture, tandis que l’appareil administratif reste celui d’hier. Le ministère chargé de la Refondation affiche des objectifs publics, mais la validation accélérée du PLFI 2026 a suivi une logique de continuité. Le bloc régalien dit garantir l’État de droit, alors que l’équilibre entre Intérieur, Sécurité, Défense et Communication peut affaiblir la Justice si les règles ne sont pas publiées. Le pôle économique annonce des résultats rapides sur l’énergie et l’eau, mais dépend encore des chaînes d’approvisionnement, des arriérés et des contrats hérités. Les Affaires étrangères recherchent l’adhésion des partenaires, mais l’adhésion intérieure reste fragile faute de consultation ouverte. L’ambiguïté centrale est là. La refondation s’énonce au sommet et s’exécute dans des ministères encore traversés par les routines de l’ancien cycle. Le peuple et ses priorités La confiance naît d’améliorations concrètes. De l’eau qui arrive. De la lumière qui tient. D’un calendrier de délestage respecté. D’un responsable identifié qui répond aux questions. Les indicateurs et les jeux de données doivent être publiés dans un format simple et réutilisable. Le citoyen doit pouvoir vérifier par lui-même. La Génération Z – Énergie civique et recomposition La Génération Z a été tenue à distance des consultations. Elle doit se réinventer pour peser. L’horizontalité a permis la mobilisation. Elle limite la capacité d’exécution. Un noyau délégué et mandaté peut coexister avec une base ouverte. Des rituels de décision simples. Un secrétariat de méthode. Des représentants révocables. Des passerelles avec la diaspora et les corps intermédiaires. Sans cela, la vague se disperse et laisse d’autres écrire le récit. Financer la transition sans renier la souveraineté Les finances publiques abordent la transition avec un déficit structurel et une trésorerie fragile. Les recettes restent volatiles et concentrées sur quelques postes douaniers. La masse salariale et les subventions énergie saturent l’espace budgétaire, tandis que des arriérés persistent sur la chaîne eau et électricité. L’investissement utile recule au profit de dépenses incompressibles. Les partenaires techniques et financiers ont suspendu des appuis budgétaires ou avancent avec prudence. La défiance tient à la qualité des comptes, aux procédures de passation et au signal institutionnel envoyé par la séquence politique. L’approbation précipitée du PLFI 2026 sans débat crédible n’a pas rassuré. Sortir de l’ornière exige un plan de trésorerie transparent, un audit des arriérés, des priorités réalistes et des données ouvertes. Trois leviers existent. Redéploiement budgétaire : Mettre en tête les dépenses à effet rapide sur eau et électricité. Geler le non essentiel. Apurer les arriérés qui bloquent la production. Recettes immédiates : Cibler quelques points douaniers à fort rendement. Mesurer. Publier. Sécuriser. Outils de pont transparents : Un fonds d’urgence borné dans le temps avec gouvernance indépendante. Publication intégrale des termes et contrôle externe. La diaspora peut contribuer si la traçabilité est totale et si l’usage des fonds est vérifiable. Les partenaires extérieurs observent Les partenaires attendent des signaux de droit et des chiffres. Ils ne trancheront pas sur un récit. Ils réagiront à des preuves. Un calendrier public de soixante jours comme annoncé par le Président, respecté et documenté, vaut plus que des discours. La crédibilité vient d’abord de l’intérieur. Conclusion : La promesse ou la preuve
Stade 4 : Normalisation sans réforme et ses conséquences

Date : 24/10/25 Légitimité fragile, finances contraintes, géopolitique opportuniste Introduction En quelques jours d’octobre, la dynamique est passée de la rue aux institutions. La jeunesse a donné l’impulsion, l’appareil d’État a repris l’agenda. Un colonel a prêté serment devant la Haute Cour constitutionnelle. Un Premier ministre civil a été nommé. L’Union africaine a suspendu Madagascar et l’Organisation des Nations unies a condamné un changement anticonstitutionnel. La normalisation avance, la réforme recule. La vérité politique se lira désormais dans trois registres concrets. La légitimité. La caisse publique. Le quotidien de l’eau et de l’électricité. Les faits solides qui encadrent le moment Le 17 octobre, le colonel Michaël Randrianirina a été investi président à Antananarivo par la Haute Cour constitutionnelle. Cette investiture intervient après des semaines de mobilisation de jeunes sur l’eau et l’électricité et après le basculement d’unités d’élite. L’Union africaine a suspendu Madagascar le 15 octobre. Le 16 octobre, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies a condamné un changement anticonstitutionnel et appelé au retour à l’ordre constitutionnel. Le 20 octobre, Herintsalama Rajaonarivelo a été nommé Premier ministre. Dans l’opinion, l’ex-filtration d’Andry Rajoelina par un aéronef militaire français a ravivé le procès en perte d’influence de Paris. Ces éléments dessinent une transition sous examen international et sous pression intérieure. La jeunesse, d’une force sociale à une apprentie en politique La génération qui a rempli la place publique n’a pas disparu. Elle change de terrain. Elle passe de l’émotion à l’écriture. La Charte en préparation condense des valeurs : – Dignité, – Accès à l’eau, – Accès à l’électricité, – Refus de la corruption. Ce texte n’offre pas le pouvoir. Il peut donner la légitimité s’il agrège au-delà du noyau militant des partenaires sociaux, des communes, des syndicats, des petites entreprises et la diaspora. La deuxième vague n’est pas un raz de marée. C’est un chantier. Elle se mesurera à 3 et 6 mois. Le stade 4. Normaliser sans réformer La séquence qui s’ouvre recompose le sommet sans modifier les ressorts. On rassure les appareils. On reconduit des profils qui connaissent les codes. On parle d’ordre plutôt que de transformation. Les centres de gravité restent concentrés dans l’énergie, les télécoms, la finance et la santé. L’effet immédiat est une stabilisation des procédures. L’effet différé est un décalage avec la demande sociale qui a mis la jeunesse en mouvement. Le risque est clair. Une normalisation qui fige les dépendances structurelles. La règle et le réel. Une présidentielle en 60 jours sans garantie de qualité La Constitution prévoit selon l’article 53, après la constatation de vacance par la Haute Cour constitutionnelle, une élection présidentielle dans un délai de 30 à 60 jours. La lettre est claire. La faisabilité l’est moins. Les défauts récurrents des fichiers, des contentieux, de la logistique et de l’éducation civique ne se corrigent pas en quelques semaines. Tenir la date sans garanties de qualité reviendrait à rechercher une légitimité en surface. Le bon chemin consiste à reconnaître l’écart entre le texte et la capacité opérationnelle, puis à bâtir une trajectoire négociée qui protège le droit et la confiance. Le verrou budgétaire. Pourquoi la longue transition est hors de portée La transition a un coût. L’État dispose d’une marge étroite. Le secteur électrique concentre la contrainte. Les analyses des institutions financières décrivent une compagnie publique d’eau et d’électricité à faible rendement, avec pertes techniques et commerciales élevées, tarifs en dessous des coûts et un accès encore limité au réseau[1]. Ces facteurs créent un fardeau quasi budgétaire qui évince les dépenses sociales. Sans gains visibles et sans transparence sur l’exécution, une transition de 18 à 24 mois dégraderait l’adhésion sociale. Les partenaires appellent à des réformes ciblées et à un redressement crédible. La corruption perçue et l’opacité. La confiance perdue coûte plus cher Les rumeurs de valises, les soupçons sur les circuits de financement politique, les arbitrages non expliqués alimentent une défiance ancienne. Les indicateurs internationaux placent Madagascar dans une zone de forte perception de corruption. Dans un moment de transition, une seule ligne de flottaison existe : – La transparence. – Déclarations de patrimoine pour les décideurs. – Registre public des intérêts. – Publication des nominations avec critères. – Registre des contrats et des marchés publics. – Traçabilité des flux dans l’énergie et dans les achats. Sans ces garde fous, la normalisation devient un couvercle. Elle n’est pas une refondation. La géopolitique s’invite. Une place vacante attire les acteurs La suspension par l’Union africaine et la condamnation par l’Organisation des Nations unies créent un déficit de reconnaissance. La France est perçue à travers l’épisode d’exfiltration. Dans cet interstice, d’autres puissances s’installent. La Russie a multiplié les contacts et les signaux. Des rencontres officielles ont été publiées. La nouvelle présidence communique sur l’ouverture à des partenariats « gagnant-gagnant ». Ce n’est pas de la bonté. C’est l’intérêt bien compris. Les places financières de Maurice et de Jersey[2], et leurs administrateurs de fonds, fonctionnent comme des conduits d’investissement. L’architecture d’influence se lit autant dans les communiqués que dans les domiciliations. Revenir au réel. Eau, électricité, dignité Le déclencheur de la crise est toujours là. Coupures longues. Pénuries d’eau. Prix qui écrasent les ménages. Les diagnostics existent. Des solutions exigent ciblage et exécution. Trois priorités pour trois mois : – Premièrement, continuité électrique minimale dans les hôpitaux et les services vitaux avec groupes et carburant sous contrôle. – Deuxièmement, eau potable sécurisée dans des communes pilotes avec citernes, pompes et distribution surveillée par des comités locaux. – Troisièmement, contrôle citoyen des achats de carburants et des arriérés, publication mensuelle d’un état d’exécution. Ces gestes modestes ont un effet politique majeur. Ils montrent un État qui sert. La deuxième vague de la jeunesse. Le temps des preuves La fenêtre spectaculaire s’est refermée. La seconde vague se gagnera sur des preuves. 3 à 6 mois pour transformer une Charte en contrat civique. Méthode simple : – Une coalition eau et électricité par districts, avec maires, syndicats, techniciens, petites entreprises et diaspora. – Un tableau de bord hebdomadaire accessible sur mobile basique. – Une équipe juridique qui traite en amont
La deuxième vague Gen Z arrive…

Date : 21/10/25 La mouvance se réinvente, le fond change – De l’émotion à la méthode. Introduction Le 17 octobre 2025 marque un tournant. Un colonel inconnu du grand public quelques semaines plus tôt prête serment à Antananarivo. La scène est solennelle. Elle fige une réalité ambivalente. Les formes de la démocratie restent visibles. La substance est disputée. Les institutions affichent la continuité. Les règles ont été bousculées. C’est dans cet espace d’ambiguïté que naissent les démocratures. Ces régimes qui conservent les habits de la démocratie tout en neutralisant ses contre-pouvoirs. À Madagascar, la question n’est plus théorique. Elle se pose maintenant, à chaud. Recyclage en cours Depuis le 17 octobre, la chronologie est limpide. La Haute Cour constitutionnelle accueille l’investiture du colonel Michaël Randrianirina, devenu chef de l’État après l’éviction du président Andry Rajoelina, sur fond de mobilisation juvénile et de défections dans les forces de sécurité. L’Union africaine suspend immédiatement Madagascar. L’Organisation des Nations unies condamne l’interruption anticonstitutionnelle de l’ordre démocratique et appelle à un retour rapide aux règles communes. Le 20 octobre, le nouveau chef de l’État nomme un Premier ministre civil, Herintsalama Rajaonarivelo. L’exécutif promet une transition assortie d’élections dans un horizon de 18 à 24 mois. Ces faits sont établis. Ils structurent la situation présente. (Reuters) Cette séquence ouvre la page du gouvernement à construire. Un premier acquis est acté. La nomination d’un chef de gouvernement civil. Le signal est clair. Le pouvoir veut afficher une civilianisation de façade ou réelle. Le choix du Premier ministre est évidemment un choix stratégique ; on habille la fonction avec un homme issu du milieu des affaires et de l’entreprenariat notamment pour montrer que l’on est proche du peuple. Tout se jouera désormais dans les arbitrages à venir : – Répartition des portefeuilles régaliens. – Règles écrites de la période de transition. – Calendrier électoral publiquement opposable. – Degré de neutralité des organisateurs du scrutin et des juges de l’élection. – Nature de la relation avec l’Union africaine et les partenaires alors que la suspension demeure. La composition du cabinet livrera un premier verdict. La présence ou non d’acteurs issus de la contestation sociale dira la volonté d’élargir la base de légitimité. Les premiers décrets fixeront la mesure de cette promesse. L’écart entre l’annonce et l’action sera scruté. Le grand roque Côté mouvement social, la Génération Z paie aujourd’hui un déficit de légitimité politique classique. Le mouvement a produit une vision. Il n’a pas converti cette vision en adhésion massive et formalisée. La feuille de route est arrivée avant la signature de la charte par le pays profond. Dans l’accélération des événements, la Gen Z a mis la charrue avant les bœufs en allant directement dans le côté opérationnel de leur vision (feuille de route) sans avoir validé l’acceptabilité de leur vision par la population. Ladite Charte Gen Z Madagascar incarne les valeurs et la vision de la Gen Z et elle en constitue le langage commun. Elle relie entre citoyens, organisations et institutions en tant que contrat social civique qui engage chacun à des devoirs de transparence, de redevabilité et de service du bien commun. Elle réveille la mémoire des jours de révolte populaire, des visages perdus, des blessés, des familles marquées par la douleur, et rappelle le pourquoi de cette mobilisation. Ceux qui sont sortis dans la rue ne l’ont pas fait pour permettre un recyclage élitaire ni pour nourrir l’enrichissement d’une minorité qui préserverait un système corrompu. Rappelons que le mouvement de la Gen Z a ancré ses valeurs dans la douleur quotidienne et réelle de leur vie ; le droit d’accéder à l’eau, à l’électricité et à la dignité. La Charte fixe un mandat clair : – Empêcher ce recyclage, – Protéger les libertés, – Recentrer l’action publique sur la dignité, l’eau, l’électricité et les services essentiels, et mettre fin à l’impunité. Elle est à la fois boussole et garde-fou pour que le sacrifice consenti ouvre enfin la voie d’un changement réel. De l’émotion à la méthode Le nouveau pouvoir a ensuite nommé un Premier ministre sans consultation visible de la force sociale qui a rendu cette transition possible. Le mouvement se retrouve donc sur la défensive. Le risque est celui : – D’un recyclage, – Les mêmes méthodes, – Les mêmes réseaux, – De nouveaux visages, – Une rhétorique de refondation, – Une pratique du contrôle L’expérience régionale l’enseigne. Les transitions ouvertes par la rue se referment vite quand la méthode n’est pas verrouillée par des garanties simples et publiques. Pour comprendre la dynamique, Diapason propose un cadre en neuf stades. La situation malgache se situe au stade 4 : Le recyclage élitaire. La traduction institutionnelle de la crise se fait d’en haut. Le calendrier est étiré. Les contre-pouvoirs ne sont pas encore garantis. Les promesses dominent les preuves. Tant que ces marqueurs persistent, la rupture reste un horizon et non un présent. Que faudrait-il pour passer au stade 5 ? La rupture réelle se mesure à des seuils simples et vérifiables. Un calendrier court et opposable. Un scrutin sous 30 à 60 jours, selon l’article 53 de la constitution, avec : – Une instance de suivi indépendante et reconnue par la société civile. – Un gouvernement de mission non candidat. – Un mandat écrit. – Des compétences limitées. – Une publication des règles. – Un garant neutre pour l’organisation du vote et le contentieux. – Des mesures tangibles sur les priorités vitales qui ont déclenché la colère. L’eau et l’électricité. – Un tableau de bord hebdomadaire public avec des résultats visibles. – Un moratoire assorti d’un audit sur les contrats régaliens et les dépenses d’urgence. – Une désescalade sécuritaire qui protège l’espace civique et permet aux observateurs de travailler. Sans ces verrous procéduraux, la transition glisse vers un entre-deux confortable pour les élites. Le pays reste au stade 4. Trois rappels s’imposent : – Vision sans adhésion de la population (Charte Gen Z) – Procédure méprisante du Président nouvellement investi – Mauvais calcul politique de ceux qui ont été portés par la vague Gen Z → La vision doit
Gen Z : Se préparer à gouverner ou se résoudre à subir ?

Date : 17/10/25 Introduction La Génération Z a ouvert une brèche civique. Le premier objectif est atteint avec le départ du président. Dans le même mouvement, une double captation du pouvoir s’est engagée par une partie de l’appareil militaire et par des acteurs politiques installés. Le choix est désormais simple. Soit subir une restauration de l’ancien système sous d’autres habits. Soit transformer l’énergie sociale en mandat civique, avec des valeurs lisibles et une feuille de route courte qui protège les vies et les services essentiels. Où en sommes-nous après le départ du président Le pays entre dans une zone de flottement institutionnel et symbolique. La rue a imposé le tempo. La décision d’écarter le chef de l’État a validé un premier palier de la pression citoyenne. Dans le même temps, l’annonce d’un intérim militaire et l’activation rapide de réseaux politiques chevronnés ont déplacé l’axe de décision. Les signaux publics et les récits médiatiques ont créé un effet halo qui fige la perception et installe l’idée de fait accompli. Il faut donc revenir aux fondamentaux. Dater les faits. Séparer ce qui est confirmé de ce qui est contesté. Redonner la main à un processus civique clair. Cadre constitutionnel effectif La HCC a constaté la vacance de la Présidence et de la Présidence du Sénat le 14 octobre Continuité des institutions maintenue Présidentielle à organiser sous trente à soixante jours Pendant la vacance, la dissolution fondée sur l’article 60 est écartée par la HCC Décret de dissolution de l’Assemblée nationale Décret daté du 14 octobre prononçant la dissolution Contentieux d’articulation entre ce décret et la décision de vacance de la HCC Actes pris par l’Assemblée le 14 octobre demeurent contestés Institutions à l’instant T HCC en position de régulateur et d’arbitre Assemblée nationale sous décret de dissolution contesté Sénat avec présidence vacante Gouvernement déclaré dans l’impossibilité d’assurer l’intérim par la HCC Serment prévu le 17/10/25 Prestation de serment annoncée vendredi 17 octobre devant la HCC Forme et portée juridiques à confirmer sur pièces Points juridiques à surveiller Chronologie exacte entre constat de vacance et décret de dissolution Validation juridictionnelle des actes parlementaires du 14 octobre Fixation et publication du calendrier de la présidentielle conformément à la décision de la HCC La vague civique chevauchée Constat simple Des segments de l’institution militaire ont profité de la vague Gen Z pour s’installer au centre du jeu. Des dinosaures de la politique se sont engouffrés dans l’intervalle pour reconstruire un compromis à leur main. La Gen Z est abasourdie. Elle découvre la vitesse à laquelle un vide politique se remplit. Le vide attire le chaos… La Gen Z n’était pas prête à entrer en politique. Elle disposait d’une force sociale, pas d’une architecture de délégation. La légalisation a pris la forme d’un enchaînement de décisions contestées dans leur esprit et leur calendrier. Le débat sur la constitutionnalité est ouvert et appelle un arbitrage de droit, pas un glissement de fait. La Gen Z est obligée d’adopter une position défensive et se justifier auprès de l’opinion publique. Conclusion provisoire Le mouvement n’est pas un coup d’État. Il demeure une révolte populaire qui rappelle 1972 par son ressort social. C’est la traduction institutionnelle qui dévie vers une captation militaire et partisane. Cette distinction est cruciale pour préserver le capital moral accumulé. Un coup d’État, c’est la prise du pouvoir au sommet de l’État par un petit groupe qui bypasse les règles constitutionnelles. Au regard des faits établis, on est face à une prise de pouvoir militaire hors chaîne constitutionnelle, donc un coup d’État. Pourquoi Saisie du pouvoir par l’armée et annonce d’un conseil de transition dirigé par un colonel, avec serment annoncé du chef militaire comme président intérimaire. Les principales agences qualifient l’événement de coup d’État. (Reuters+2) Bypass du cadre constitutionnel défini par la HCC le 14 octobre. La décision 10 HCC D3 organise la vacance, maintient la continuité des institutions et écarte l’usage de l’article 60 pendant la vacance. La trajectoire annoncée par les militaires s’écarte de ce schéma civil. (hcc.gov.mg) Condamnation et suspension par l’Union africaine, signe fort de « changement anticonstitutionnel de gouvernement » dans les standards régionaux. (Reuters) Nuance nécessaire L’origine de la séquence est une révolte civique proche de 1972 dans son ressort social. Mais la qualification de coup porte sur la méthode de capture du pouvoir exécutif par l’autorité militaire, pas sur le caractère initial du mouvement. (AP News) Conséquence pratique Pour retrouver une trajectoire compatible avec le droit et la reconnaissance internationale. Retour rapide à un dispositif civil piloté sous contrôle juridictionnel HCC (ou l’équivalent), avec calendrier électoral court et garanties de neutralité des forces. (hcc.gov.mg) Crescendo Gen Z en cinq paliers Étincelle vitale. Pénuries, arrestations, dignité blessée. Rue en ébullition. Quartiers, lycées, campus et réseaux. Structuration minimale. Collectifs, principes publics, non-violence. Épreuve de vérité. Récits concurrents, pressions extérieures, provocations. Point de bascule. Recyclage contrôlé ou rupture ordonnée. Message du moment Nous sommes entre l’épreuve de vérité et le point de bascule. La fenêtre est courte. Il faut passer de la force sociale à la capacité de gouvernance. Éviter le piège Népal – Du stade 4 au stade 5 Le piège Népal[1], c’est la dérive vers la confusion qui permet une restauration. Violences périphériques, pillages téléguidés, leaders artificiellement promus, militarisation rampante, négociations opaques. Le défi consiste désormais à franchir le stade 5, la rupture politique. Cette transition exige un changement de logique : Clarifier la légitimité du mouvement : une charte Génération Z Madagascar doit définir les valeurs, les lignes rouges et la stratégie de non-violence. Structurer la représentation : des porte-paroles élus, un conseil civique provisoire, une coordination nationale et régionale. Transformer la colère en processus politique : consultation publique, calendrier électoral clair, supervision indépendante. Créer des garanties de rupture : transparence patrimoniale, financement politique vérifiable. Mobiliser la diaspora et les PME : un pacte jeunesse-économie pour restaurer la confiance. Sécuriser l’information : baromètre citoyen, vérification des faits, open data. Préparer la relève : écoles civiques, leadership public, transition générationnelle. L’enjeu n’est pas la vitesse, mais la structure :
Madagascar au point de bascule du mouvement générationnel

Date : 10/10/25 L’HISTOIRE SE RÉPÈTE Bis repetita ? « Le pouvoir appartient au peuple. C’est le peuple qui donne le pouvoir, et c’est le peuple qui reprend aussi le pouvoir. » Déclaration d’Andry Rajoelina, Antananarivo, 2009 (extrait vidéo : facebook.com/reel/2065068920966844) Seize ans plus tard, les mêmes mots résonnent dans les rues d’Antananarivo, mais cette fois, ils lui sont adressés. Le cycle s’inverse : la jeunesse reprend le langage du pouvoir pour réclamer la promesse trahie. Ce miroir historique signe la fin d’une époque, celle des révolutions capturées par ceux qui les ont initiées. Cet article veut mettre en exergue les conditions de réussite dudit mouvement. Introduction La dissolution du gouvernement Ntsay et la nomination d’un général à la primature marquent une inflexion historique. Depuis la fin de septembre 2025, la colère de la jeunesse malgache s’est muée en exigence existentielle : vivre dignement, décider de son avenir, rompre avec un système clos. En tentant de contenir la tempête par un limogeage rapide, Andry Rajoelina a cherché à maîtriser la rue sans comprendre qu’il venait d’en changer la nature. Car dans cette séquence, le pouvoir se bat contre une génération qui ne demande plus des explications, mais une transformation. Le recyclage élitaire : prolonger sans transformer L’éviction du cabinet Ntsay fut présentée comme un tournant. En réalité, elle s’apparente à une opération de recyclage interne. La nomination d’un militaire pur, le Général Zafisambo, comme Premier ministre est un choix symptomatique : il n’est pas une personnalité politique de premier rang mais un homme de l’appareil, ce qui permet de diriger sans troubler les réseaux d’affaires et les clientèles. Le choix d’un militaire de carrière traduit une logique de fermeture : recentrer le pouvoir autour du noyau dur présidentiel et des circuits sécuritaires. Le recyclage a aussi un effet tampon : en cassant l’ancien cabinet, en nommant un PM militaire, le Président Rajoelina donne l’impression d’un changement sans en être lui-même l’acteur contesté. Les promesses de dialogue national ont aussitôt été rejetées par la rue, qui y voit une tentative d’étouffement. Le récit officiel, celui d’une « jeunesse manipulée » et de « casseurs », trahit une incapacité à reconnaître la légitimité sociale du mouvement. Le dialogue proposé est « cadré » : Le pouvoir conserve l’initiative du format, des interlocuteurs, du calendrier, ce qui en limite la portée réelle. Le gouvernement oriente l’offensive narrative : présenter le mouvement comme une tentative de « coup » ou de déstabilisation, accuser des ingérences étrangères, opposer « la jeunesse paisible » aux « casseurs ». (Le Monde.fr) Le pouvoir gagne du temps, mais perd de la profondeur. Il multiplie les annonces sans horizon, reproduisant le schéma déjà observé après 2009 : dissoudre, promettre, reconstituer, recommencer. Le recyclage devient la marque de fabrique d’un système à bout de souffle. Le faible soutien visible au niveau des masses lors de la mobilisation pro-pouvoir (contre-manifestation ratée) indique que le régime ne peut plus légitimer facilement une réponse par la rue. (Le Monde.fr) Mais ce recyclage est à risque : s’il échoue à neutraliser la contestation, il galvanise la rue. Les fissures invisibles du régime En limogeant son gouvernement, le président a ouvert une boîte de Pandore. Derrière l’apparente cohésion, les rancunes s’accumulent. Les ministres déchus détiennent des secrets, des réseaux, des contrats. Certains, écartés du pouvoir, pourraient désormais devenir des adversaires. Ce glissement interne constitue la menace la plus sérieuse : non pas une opposition structurée, mais un désalignement progressif des élites. Les réseaux économiques hésitent, les diplomaties étrangères se repositionnent, l’appareil sécuritaire observe. La cohésion de façade dissimule une peur sourde : celle du lendemain sans immunité. Car perdre le pouvoir, pour le président, c’est aussi perdre la protection juridique qui l’entoure. Les enquêtes dormantes sur les biens mal acquis, les marchés publics opaques et les violences d’État pourraient ressurgir dès la chute de la garde institutionnelle. Le triangle de la vulnérabilité : rancune, peur, armée Trois forces désormais structurent la séquence : Les rancunes internes, fruits du limogeage, forment un réservoir d’instabilité politique. La peur judiciaire, omniprésente, transforme chaque décision en réflexe de survie. L’armée, la grande muette, reste en observation. Elle sait que son image se joue dans cette crise : soutenir un régime contesté ou apparaître comme garante d’une transition pacifique. Son attitude rappelle celle de l’armée népalaise, qui finit par arbitrer entre les extrêmes[1]. À Antananarivo, certains officiers évoquent déjà la « nécessité d’un retour à la raison ». Si cette voix devient dominante, elle pourrait peser davantage que les déclarations présidentielles.L’équilibre devient fragile : un faux pas, un ordre illégitime ou une bavure pourrait précipiter une rupture. Le Crescendo malgache : du stade 4 à la bifurcation (Stade 5) Rappel de ce qui se passe dans le monde Selon la grille Crescendo élaborée par Diapason, Madagascar est aujourd’hui au stade 4, celui du recyclage élitaire. Les étapes précédentes – étincelle vitale, rue en ébullition, répression – sont franchies. Chaque soulèvement suit la même courbe : Tableau – Étapes d’un mouvement générationnel (Crescendo) Le défi consiste désormais à franchir le stade 5, la rupture politique. Cette transition exige un changement de logique : Clarifier la légitimité du mouvement : une charte Génération Z Madagascar doit définir les valeurs, les lignes rouges et la stratégie de non-violence. Structurer la représentation : des porte-paroles élus, un conseil civique provisoire, une coordination nationale et régionale. Transformer la colère en processus politique : consultation publique, calendrier électoral clair, supervision indépendante. Créer des garanties de rupture : transparence patrimoniale, financement politique vérifiable. Mobiliser la diaspora et les PME : un pacte jeunesse-économie pour restaurer la confiance. Sécuriser l’information : baromètre citoyen, vérification des faits, open data. Préparer la relève : écoles civiques, leadership public, transition générationnelle. L’enjeu n’est pas la vitesse, mais la structure : transformer un cri en architecture. Car c’est souvent là que les révolutions s’éteignent, dans l’absence de forme. Scénarios immédiats Trois trajectoires se dessinent à court terme : Scénario Ce qui se passe Risques / Opportunités Durcissement contrôlé avec stabilisation partielle Le gouvernement
Le moment est venu d’écrire une nouvelle page de notre histoire

Diapason est un « think tank » qui veut poser des questions, nourrir le débat, valoriser les initiatives et favoriser l’innovation socio-économique et politique pour le développement de Madagascar. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du think tank. Nos valeurs Boussole / Cap Indépendance politique Multiculturel Vision à long terme Trait d’union entre savoir et pouvoir Éducation Recul nécessaire Liberté d’action Disruptif Bonne lecture ! Date : 08/07/25 « Changer une tête sans changer un système, c’est refaire le même cauchemar avec un nouveau visage. » À Madagascar, l’histoire semble se répéter inlassablement. À chaque fois qu’un mouvement populaire prend de l’ampleur, une figure tombe… mais le système, lui, reste debout, intact, insaisissable, et terriblement résilient. Un système bâti sur la prédation, l’injustice, l’impunité et la confiscation des richesses par une minorité. Aujourd’hui encore, le peuple malgache se lève, avec courage, dans un élan de dignité et de ras-le-bol. Et déjà, les voix de la peur se lèvent aussi : « Si vous continuez, la vie deviendra encore plus chère. » « L’économie va s’effondrer. » « C’est dangereux pour la stabilité. » Mais la stabilité de quoi ? De qui ? D’un système qui n’a produit que pauvreté, inégalités et désespoir pour la majorité ? D’un ordre politique qui recycle sans fin les mêmes logiques, les mêmes clans, les mêmes promesses non tenues ? Ce n’est pas un simple changement de président que nous voulons. C’est un changement de cap. Un changement de paradigme. Car oui, le capital humain est notre première richesse. Et pourtant, notre jeunesse s’exile, nos enseignants crient famine, nos soignants désertent les hôpitaux par manque de moyens. La majorité des Malgaches vit dans une précarité insoutenable, pendant que quelques-uns se partagent les miettes du pouvoir. Changer la tête ne suffit plus. Il faut refonder le système. Il faut des institutions solides, une justice réellement indépendante, une armée républicaine, une gouvernance basée sur la transparence, la compétence et l’intérêt général. Et cela ne viendra ni par la peur, ni par la résignation, mais bien par la mobilisation, la lucidité et la persévérance. Un moment historique : écrire une belle et juste histoire pour demain L’histoire ne donne que rarement une seconde chance à un peuple. Aujourd’hui, Madagascar est à un carrefour historique. Nous avons l’opportunité – et le devoir – de ne pas répéter les erreurs du passé. De ne pas nous contenter de changements cosmétiques. De ne pas nous laisser voler, une fois de plus, notre avenir. Ce combat n’est pas sans coût. Il ne l’a jamais été. Mais le prix du renoncement est toujours plus élevé que celui de la lutte. Car renoncer, c’est condamner nos enfants à revivre ce que nous avons enduré. C’est accepter que rien ne change. Alors, ne lâchons pas. À tous ceux qui se battent, qui marchent, qui élèvent la voix : vous êtes la lumière dans cette obscurité. Vous portez l’espoir d’un peuple. Vous êtes en train d’écrire, peut-être sans le savoir, l’un des chapitres les plus décisifs de notre histoire contemporaine. Que demain, nos enfants puissent lire dans leurs manuels d’histoire : « En 2025, les Malgaches ont dit non. Non à l’immobilisme. Non à la peur. Et oui à un nouveau départ. » Madagascar mérite mieux. Son peuple aussi. Et ce mieux, il ne viendra que par vous. Par nous. Par notre détermination collective. Zaza Ramandimbiarison Télécharger l’article : Ici 🗞
Le piège Népal : Sous la vague Génération Z, la recomposition du monde (Article)

Date : 07/10/25 La surface des émotions La crise a commencé le 25 septembre 2025, presque sans prévenir. Ce matin-là, deux élus municipaux de l’opposition sont arrêtés à Antananarivo. Officiellement, il s’agissait d’une affaire de « trouble à l’ordre public » et d’« intrusion dans des locaux administratifs ». Mais, selon plusieurs témoins et observateurs, leur véritable « faute » fut d’avoir déposé une demande d’autorisation de manifester pour dénoncer les coupures d’eau et d’électricité qui paralysaient la capitale depuis des semaines. L’événement a fait l’effet d’un électrochoc : en quelques heures, la tension accumulée a trouvé son exutoire. Les réseaux sociaux ont relayé les images de l’arrestation, bientôt mêlées aux vidéos d’étudiants révisant à la lampe torche et de mères de famille remplissant des seaux vides. Les délestages et le manque d’eau, jadis subis dans le silence, prenaient soudain valeur de symbole. Les écoles fermaient plus tôt, les universités improvisaient des cours sans électricité, les hôpitaux tournaient sur des groupes électrogènes épuisés. Le pays découvrait que sa crise n’était plus technique : elle était existentielle. Cette colère est légitime, parce qu’elle vient du réel. Elle ne naît pas d’un mot d’ordre, mais d’une évidence : vivre sans eau, sans lumière et sans perspectives n’est plus supportable. Les jeunes qui descendent dans la rue ne sont pas mus par une idéologie ; ils expriment la fatigue d’une génération sacrifiée – celle à qui l’on a promis la modernité sans lui donner les moyens d’en vivre. Ils ne réclament pas le pouvoir, ils réclament la cohérence : celle d’un État qui tienne ses promesses et d’une société qui offre autre chose que la débrouille. Ce soulèvement, d’abord local et émotionnel, révèle pourtant quelque chose de bien plus profond : le basculement d’un pays où la survie quotidienne devient l’acte politique suprême. Et c’est à partir de ce cri authentique que commence la véritable lecture, celle d’un monde où chaque colère, même juste, peut être absorbée par des logiques qui la dépassent. Les racines invisibles Les observateurs pressés y voient une contagion émotionnelle ; les analystes attentifs distinguent un schéma récurrent. Chaque soulèvement suit la même courbe : Tableau – Étapes d’un mouvement générationnel (Crescendo) Étape Date observée / estimée (Madagascar) Remarques / justification Pays concernés % atteints (sur 7) 1. Étincelle vitale → cri collectif 25 sept. 2025 Manque d’eau/électricité déclenche la colère Tous (MA, MG, KE, NP, NG, SN, BD) 100 % (7/7) 2. Rue en ébullition → slogans élargis 26-27 sept. 2025 Les revendications dépassent le problème initial Tous (MA, MG, KE, NP, NG, SN, BD) 100 % (7/7) 3. Répression → radicalisation 25-27 sept. 2025 Couvre-feu, arrestations, violences policières MA, MG, NP, NG, SN, BD (KE = plus limité) 86 % (6/7) 4. Pseudo-élites → tentatives de recyclage 29 sept. 2025 Dissolution gouvernementale, annonces cosmétiques MA, MG, NG, BD (SN, NP, KE = autres trajectoires) 57 % (4/7) 5. Bifurcation → 3 trajectoires oct. 2025 (est.) Choix : recyclage, rupture partielle ou réelle KE (loi retirée), SN (alternance), NP (démission PM), MG/MA/NG/BD en cours 71 % (5/7) 6. Émergence (ou vide) de figures nov. 2025 (est.) Figures emblématiques ou absence de leadership SN (Sonko/Faye), NP (leaders étudiants), BD (mouvement étudiants quotas) 43 % (3/7) 7. Traduction institutionnelle → réforme ou cycle Fin 2025-2026 (est.) Réformes concrètes ou restauration KE (texte retiré), NP (changement PM), SN (alternance électorale) 43 % (3/7) 8. Choc géostratégique → confrontation avec intérêts extérieurs 2026 (est.) Pressions sur énergie, mines, dette, alliances MG, NG, SN (dette, ressources stratégiques) 43 % (3/7) 9. Consolidation (ou restauration) 2026-2027 (est.) Stabilisation d’un nouveau système ou retour au statu quo. SN (consolidation démocratique en cours), NG (retour partiel au statu quo) 29 % (2/7) Analyse des % Étapes 1-2 : universelles (100 %). Étape 3 (répression) : quasi systématique (86 %). Étape 4 (recyclage) : fréquente (57 %). Étape 5 (bifurcation) : majoritaire (71 %). Étapes 6-9 : chute progressive → seuls 30-40 % atteignent le stade de réformes, confrontation géopolitique ou consolidation durable. En résumé Une étincelle vitale → une amplification numérique → une répression brutale → un recyclage élitaire → un retour au statu quo. Ce « programme adaptatif coordonné » fonctionne comme un logiciel : il s’adapte aux failles propres à chaque État. – Au Maroc, ce furent les services publics. – Au Kenya, la fiscalité numérique. – Au Bangladesh, l’injustice des quotas d’emplois. – Au Népal, la censure des réseaux sociaux. – À Madagascar, les délestages et la corruption. Sous ces colères locales, les mêmes lignes de force : – Une jeunesse connectée, sans canal politique, – Des institutions obsolètes, – Des acteurs économiques étrangers présents dans les secteurs vitaux, – Une opinion mondiale prête à s’émouvoir. Chaque mouvement devient alors à la fois authentique et exploitable. – Authentique, car il part d’une souffrance réelle. – Exploitables, car ils fragilisent les équilibres dont dépendent l’énergie, les minerais, les marchés et la dette. Ainsi, le visible, la rue, sert parfois d’écran à l’invisible : la recomposition du pouvoir. Les ressources critiques de l’Afrique (graphite, cobalt, gaz, phosphates) sont aujourd’hui ce que le pétrole fut au XXe siècle. Elles déterminent la transition énergétique du monde. Une vague prévisible de jeunes Africains, plus de 65 % de la population du continent a moins de 25 ans, commence à prendre conscience de son potentiel collectif et des ressources immenses de ses territoires. Ce réveil générationnel accompagne une nouvelle décolonisation effective, celle des 54 pays d’Afrique qui cherchent à passer de la dépendance structurelle à la souveraineté économique. Pour certains acteurs occidentaux, cette dynamique représente un risque : la perte de la « manne africaine » – énergétique, minière, intellectuelle – et, de facto, un changement de polarité économique mondiale. Scénario plus que probable qui est seulement tributaire du facteur temps. L’enjeu devient alors de retarder ce basculement, de garder la main sur les leviers africains avant que de nouvelles puissances – la Chine, la Russie, l’Inde, les États-Unis ou d’autres – n’établissent leur propre influence. Dans ce contexte de rivalités
Le piège Népal : Sous la vague Génération Z, la recomposition du monde (Dossier)

Abstract Ce dossier explore les nouvelles dynamiques de soulèvements générationnels à travers une comparaison entre le Printemps arabe (2010-2019) et la vague Génération Z (2020-2025).Il met en lumière une même logique de crescendo social, de l’étincelle vitale à la répression, du recyclage élitaire à la refondation partielle, mais dans des contextes géopolitiques et technologiques radicalement différents. L’étude montre comment, depuis 2020, une jeunesse connectée et transnationale s’organise autour de revendications vitales (eau, électricité, emploi, corruption), dans un espace numérique mondialisé où l’image devient arme politique.Du Kenya au Maroc, du Bangladesh à Madagascar, ces mouvements traduisent une mutation profonde : celle d’une révolution subsaharienne et asiatique qui ne se réclame plus d’une idéologie, mais d’un droit fondamental à vivre dignement. Le cas du Népal (2025), analysé comme scénario de référence, illustre le risque d’un « piège systémique » : victoire symbolique sans refondation réelle, vide de leadership, et reprise du pouvoir par les élites ou l’armée.Ce « modèle Népal » devient le miroir des failles structurelles des révoltes contemporaines : spontanéité sans stratégie, émotion sans institution, mobilisation sans gouvernance. Le dossier avance l’hypothèse d’un programme adaptatif coordonné exploitant les vulnérabilités des États jeunes, pauvres et connectés.Les signaux faibles (synchronisation des hashtags, flux d’ONG, mimétique narrative, pressions sur les ressources critiques) suggèrent une forme de recomposition géopolitique où les mouvements populaires servent parfois de levier à des redéfinitions d’accès aux ressources énergétiques, minières et numériques. Appliquée à Madagascar, cette lecture invite à dépasser la réaction émotionnelle pour construire une architecture institutionnelle nouvelle, fondée sur : Un Haut Conseil Électoral indépendant ; Un scrutin uninominal à un tour, simple et transparent ; Des tableaux de bord citoyens pour la traçabilité des finances et des réformes ; Et une coalition civique entre jeunesse, PME, syndicats et diaspora. En conclusion, le piège Népal n’est pas celui d’un pays, mais d’un cycle.La Génération Z peut en sortir si elle transforme la colère en compétence, la vitesse en vision, et l’émotion en stratégie.C’est à cette condition qu’un véritable changement systémique, endogène, souverain et durable, pourra émerger en Afrique et à Madagascar. Télécharger le dossier : Ici 🗞
Génération Z – De l’ambition politique à l’action concrète

Date : 04/10/25 Introduction L’histoire est en train de s’écrire au présent… Le 25 septembre 2025 restera une date charnière dans le récit contemporain de Madagascar. Ce jour-là, une revendication vitale autour de l’eau et de l’électricité a basculé, sous la répression, en contestation politique. La jeunesse, celle que l’on appelle désormais la Génération Z, a pris la rue. Elle ne s’est pas contentée d’exprimer une colère viscérale : elle a imposé dans le débat public la nécessité d’un changement. Mais la colère ne suffit pas. Elle n’est qu’une étincelle. Pour qu’elle devienne rupture, il faut un projet. Après le réveil, après l’ambition politique, vient le temps de la construction. Ce moment exige une lucidité historique, une lecture stratégique et une capacité à transformer les slogans en mesures concrètes. Point de départ commun La crise récente est née d’un déclencheur élémentaire : l’absence d’accès fiable à l’eau et à l’électricité. Ces deux biens essentiels, qui conditionnent l’éducation, la santé, le travail et la dignité, ont été perçus comme la ligne rouge. Quand les coupures deviennent quotidiennes et interminables, quand l’État échoue à remplir cette mission minimale, la confiance s’effondre. L’arrestation de deux conseillers municipaux venus déposer une demande d’autorisation a mis le feu aux poudres. La répression brutale a accéléré le basculement d’une simple plainte sociale en une revendication politique. Depuis le 25 septembre, la rue ne s’est pas vidée. Malgré le couvre-feu, les gaz lacrymogènes, les pillages et les saccages ciblés, la mobilisation a tenu. Le 29 septembre, le président a dissous son gouvernement en allocution télévisée. Mais ce geste, perçu comme une manœuvre défensive, n’a pas apaisé la rue. Dès le lendemain, les manifestations reprenaient. Cette séquence révèle deux faits. D’abord, le cycle historique des crises malgaches se poursuit : une grande crise éclate tous les dix à quinze ans (1972, 1991, 2002, 2009, 2025). Ensuite, la génération en âge d’agir change : c’est désormais la Génération Z qui occupe l’espace public. Convergences des analyses Trois points de convergence ressortent de l’analyse croisée des observateurs, des acteurs et des faits. Colère vitale devenue politique. La jeunesse ne réclame plus seulement l’eau et l’électricité : elle dénonce le verrouillage autoritaire du régime, le mépris des contre-pouvoirs et l’absence de perspectives. Opposition éclatée. Le camp des contestataires reste une mosaïque disparate : étudiants, élus locaux, associations de quartier, diaspora connectée, entrepreneurs isolés, figures politiques déconsidérées. Aucun cadre fédérateur n’émerge encore, et le risque de récupération est permanent. Pseudo-élites et continuité. Les structures profondes de dépendance persistent : rentes énergétiques captées par des groupes, marchés publics opaques, dépendance aux financements extérieurs. Sans refonte, tout changement risque de rester cosmétique, un simple recyclage de visages au sommet. Les événements récents confirment cette analyse : couvre-feu et dispersion sécuritaire d’un côté, dissolution gouvernementale de l’autre. Les gestes spectaculaires n’ont pas suffi. Guerre asymétrique La stratégie de la Génération Z à Madagascar ressemble à une guerre asymétrique. Organisation non lisible (volontairement ?), sans leader unique visible ni ressources financières connues, elle oppose néanmoins au pouvoir une arme que celui-ci ne maîtrise pas : l’agilité numérique, la rapidité de mobilisation et la légitimité morale des revendications vitales. Là où l’État déploie la force brute, la jeunesse répond par des tactiques diffuses, imprévisibles, où chaque individu devient relais d’information et catalyseur d’indignation. C’est ce décalage, entre un appareil lourd, centralisé, et une foule fluide, connectée, insaisissable, qui confère au mouvement sa puissance paradoxale. Trois tactiques principales : Numérique : vidéos, hashtags et live transformant chaque abus en scandale viral. Symbolique : appropriation de slogans simples (« Eau », « Électricité », « Dignité ») compris par tous. Internationalisation : relais de la diaspora et des ONG qui amplifient le mouvement hors des frontières. Ces armes légères mais puissantes contournent la force brute de l’État et fragilisent sa légitimité. Divergences d’accent Les interprétations divergent cependant sur trois plans. Lecture sécuritaire. Pour l’exécutif, il s’agit d’abord de maintenir l’ordre. Les couvre-feux et la présence des forces mixtes sont présentés comme nécessaires pour éviter le chaos. Lecture systémique. Pour les analystes attentifs à l’histoire du pays, la répétition du cycle de crise montre qu’il ne s’agit pas seulement d’un problème de gouvernance ponctuelle mais d’une mécanique profonde, entretenue par une architecture de dépendance. Lecture socio-économique. D’autres insistent sur l’épuisement financier du pays. Le coffre est vide. Tout gouvernement, quel qu’il soit, devra s’endetter massivement. Mais seuls les crédibles obtiennent des financements, et Madagascar risque de n’obtenir que des crédits coûteux ou insuffisants s’il ne prouve pas sa capacité à réformer. Les gestes isolés, un ministre limogé, un gouvernement dissous, apparaissent alors comme des soupapes de court terme, incapables de résoudre la crise de fond. Scénarios prospectifs pour la Génération Z Scénario 1 – Récupération / Recyclage Ce scénario est celui de la continuité sous un autre visage. On écarte quelques têtes usées, on nomme des figures plus « propres », on multiplie les appels au dialogue et les promesses de soutien. Mais on maintient l’architecture des rentes. L’allocution du 29 septembre, où le président a dissous son gouvernement sans annoncer de cap de refondation, illustre ce scénario. Ce serait la répétition de 2009 : un “coup d’élite”, redistribution interne entre clans, sans rupture. Scénario 2 – Rupture partielle Ici, la rue obtient des concessions concrètes : baisse des coupures, micro-réformes techniques, publication partielle de données, aides ponctuelles. Les bailleurs internationaux appuient cette stabilisation limitée. Mais la redistribution du pouvoir économique n’a pas lieu. L’oligopole des carburants et l’opacité des contrats énergétiques continuent de peser. L’essoufflement est inévitable. Scénario 3 – Rupture réelle C’est le scénario de la transformation. La Génération Z parvient à imposer un contrat social clair sur l’eau et l’électricité, la transparence totale des marchés publics, la mise en place d’outils citoyens de suivi, et l’émergence de nouvelles élites intègres, issues de la jeunesse et de la ruralité, appuyées par la diaspora. Ce scénario suppose une confrontation avec les intérêts en place, mais il ouvre la voie à un État redevable. Une « élite » fourvoyée Le terme « élite » est au cœur du débat. À Madagascar, il
Le réveil d’une génération : de la colère vitale à l’ambition politique

Date : 30/09/25 Introduction Le 25 septembre 2025 restera une date charnière. Ce jour-là, une manifestation demandée par deux conseillers municipaux, Alban « Babà » Rakotoarisoa et Clémence Raharinirina[1], a été interdite puis réprimée. Leur arrestation alors qu’ils déposaient une demande d’autorisation a mis le feu aux poudres. L’objet de la mobilisation était simple : réclamer la fin des délestages et des coupures d’eau qui empoisonnent le quotidien des Malgaches. Mais la répression brutale a transformé une revendication vitale en une contestation politique d’une ampleur inédite. La jeunesse urbaine, issue de la Génération Z, est descendue dans la rue. Elle a exprimé une colère viscérale contre l’abandon et l’indifférence, mais aussi une exigence nouvelle. En quelques jours, la demande d’eau et d’électricité s’est élargie en une revendication plus radicale : le changement de gouvernement. Une bascule s’est produite, qui interroge autant sur la spontanéité du mouvement que sur ses éventuelles manipulations. Un déclencheur vital : l’eau et l’électricité La première cause est d’une évidence brutale. L’accès à l’eau potable et à l’électricité est un droit élémentaire, mais il reste inaccessible à une large partie de la population. Les coupures constantes empêchent de travailler, d’étudier, de soigner, de vivre dignement. Elles traduisent une incapacité structurelle de l’État à garantir les services de base. C’est sur cette réalité tangible que la jeunesse a décidé de se lever. Dans ce contexte, l’arrestation de deux élus simplement venus déposer une demande d’autorisation a été vécue comme une provocation. Elle a déclenché une mobilisation massive. Des jeunes, mais aussi des travailleurs, des mères de famille, des commerçants. Tous se sont retrouvés dans la rue, criant leur droit à une vie décente. De la répression à la bascule politique La répression a changé le cours des choses. Là où il y avait une revendication sociale claire, il y a désormais une colère politique ouverte. Les slogans n’étaient plus seulement « de l’eau et de l’électricité », mais « il faut changer de gouvernement ». Cette évolution pose une question centrale : le glissement s’est-il produit naturellement, par l’effet de la répression, ou était-il déjà inscrit dans une feuille de route préparée en amont ? Si le basculement est spontané, alors la Génération Z incarne une rupture générationnelle authentique. Si au contraire il répond à un agenda caché, il faut interroger les acteurs qui instrumentalisent cette jeunesse. La mémoire des crises : un cycle de 10 à 15 ans Années des crises majeures (selon le graphe de la base de connaissance de Diapason) : 1972, 1975, 1991, 2002, 2009, 2025 Intervalles entre crises : 3 ans, 16 ans, 11 ans, 7 ans, 16 ans Périodicité moyenne : environ 10,6 ans Cela confirme l’analyse de « L’énigme et le paradoxe[2] » : Madagascar traverse en moyenne une grande crise tous les 10 à 15 ans, avec des séquences plus rapprochées lors de transitions brutales (1972–1975) et des séquences plus espacées (1991–2002, 2009–2025). Timeline des crises à Madagascar (1972-2025). En haut : les crises politiques En bas : les générations (Baby-Boomers, X, Y, Z, Alpha). Cette visualisation montre clairement quelle génération était en âge d’agir lors de chaque crise : 1972 → Génération X émerge 1991 → Génération Y en jeunesse militante 2002 & 2009 → Millennials en première ligne 2025 → Génération Z prend le relais L’histoire récente de Madagascar donne matière à réflexion. En 2009, une contestation urbaine, initialement portée par le refus de l’injustice, s’est transformée en prise de pouvoir. Quinze ans plus tard, une nouvelle génération, qui n’avait pas ou peu vécu 2009, descend à son tour dans la rue. Ce cycle d’environ dix à quinze ans alimente l’hypothèse d’une mécanique répétitive. Un peuple se lève, un pouvoir tombe, un autre s’installe, puis le cycle recommence. Les structures de dépendance, elles, restent inchangées. Tableau analytique des générations et des revendications (Madagascar, 1972-2025) Génération Crises Mobilisations clés Revendications principales (mots-clés) Niveau de démocratisation associé (V-Dem et autres) Analyse : état démocratique vs revendication Génération X (nés 1965-80) 1972 (Révolution), 1991 (transition multipartite) Justice sociale, Fin du parti unique, Multipartisme 1972 : effondrement du modèle Tsiranana, militarisation. 1991 : ouverture démocratique forte (pic V-Dem) Cette génération a revendiqué des droits politiques élevés (fin du régime autoritaire, multipartisme). Elle a obtenu une avancée démocratique mais sans consolidation institutionnelle. Millennials (Y) (nés 1981-96) 2002 (crise post-électorale), 2009 (chute Ravalomanana) Démocratie électorale, Respect du vote, Gouvernance 2002 : espoir démocratique, amélioration indices V-Dem. 2009 : rupture brutale, retour à un régime autoritaire hybride Revendications à un haut niveau de démocratie (respect du suffrage, institutions), mais confiscation par les élites. Cela marque la perte progressive de l’État démocratique après 2009. Génération Z (nés 1997-2012) 2025 (mobilisation eau/électricité) Besoins vitaux, Droit à l’eau, Droit à l’énergie, Dignité V-Dem : dégradation continue, Madagascar classé dans les régimes électoraux autoritaires Cette génération revendique des droits fondamentaux de survie, bien en-deçà des demandes démocratiques des Millennials. Leur combat n’est plus pour « démocratiser » mais pour vivre dignement. Cela montre la profondeur de la régression. Analyse stratégique Hiérarchie des revendications Génération X : politique (multipartisme, justice sociale). Millennials : démocratie électorale (respect du vote, institutions). Génération Z : survie (eau, électricité). Régression démocratique Les courbes V-Dem[3] montrent un pic démocratique dans les années 1990. À partir de 2009, effondrement continu : Madagascar bascule dans la catégorie des régimes électoraux autoritaires. Aujourd’hui, les revendications ne portent plus sur les institutions mais sur des droits humains basiques. Conséquence majeure La génération Z ne se bat même plus pour des institutions ou pour des idéaux démocratiques, mais pour les biens essentiels à la vie. Cela traduit une perte radicale de l’État démocratique, réduit à un État gestionnaire de subsides et incapable d’assurer l’essentiel. Génération X (1972-1991) → Justice sociale, multipartisme → Niveau de revendication élevé Millennials (2002-2009) → Démocratie électorale, respect du vote → Niveau moyen-haut Génération Z (2025) → Besoins vitaux, eau & électricité → Niveau bas La flèche descendante illustre la régression des revendications. Conclusion Diapason Madagascar a connu un paradoxe. Alors que les générations précédentes