Crise de la vanille à Madagascar – Impacts et Préconisations –

La crise actuelle du secteur de la vanille et ses conséquences sur Madagascar Madagascar est le premier exportateur mondial de vanille préparée, avec 70-80 % de part de marché[1], correspondant respectivement à 2 000 tonnes en 2020-2022, près de 2 500 tonnes en 2023 et 4 400 tonnes en 2024[2]. Ses principaux concurrents sont l’Indonésie, l’Ouganda et la Papouasie-Nouvelle-Guinée[3]. Les derniers prix du marché mondial reflètent la suroffre malgache, qui a entraîné un surstockage chez les exportateurs et importateurs : alors qu’ils avaient atteint 600 $/kg vers 2018[4], ils avaient été bloqués par le gouvernement malgache entre 350-250 $/kg de 2020 à mi-2023[5], puis ont été brusquement libéralisés pour tomber jusqu’à 15 $/kg. Aujourd’hui, ils se situent dans la fourchette 40-60 $/kg[6]. Le secteur de la vanille compte près de 100 000 fermiers, majoritairement dans la région SAVA, dont près de 80 % sont des petits planteurs. Les autres sont des producteurs intégrés à des structures gérant toute la chaîne de valeur (production, transformation, exportation). Pour 1 kg de vanille préparée, il faut 5-6 kg de vanille verte, dont le prix minimum était fixé à 75 000 MGA/kg jusqu’en 2023[7]. Sous pression, les transactions se sont faites à un prix plancher pouvant descendre jusqu’à 5 000 MGA/kg[8]. Aujourd’hui, les échanges, pour de la vanille verte de bonne et d’excellente qualité, sont autour de 35.000-40.000 MGA/kg. La production de vanille verte est longue et coûteuse, impliquant une pollinisation manuelle, une cueillette et un séchage minutieux avant transformation. Les gousses de vanille subissent ensuite plusieurs étapes : échaudage, étuvage, séchage et affinage. Lorsqu’elle est conservée dans de bonnes conditions, la vanille préparée peut être stockée pendant 3-4 ans. Si cette crise ne concernait pas un pays de 30 millions d’habitants, dont 80 % vivent sous le seuil de pauvreté, avec une gouvernance en déficit de ressources financières et un manque de vision stratégique pour son développement économique et social, ce ne serait qu’une crise de plus dans le secteur des matières premières agricoles. En 2025, les prévisions d’exportation ne dépassent guère 1 000 tonnes. Or, sur des recettes extérieures annuelles de l’ordre de 3,5 milliards de dollars, la vanille représentait entre 20-25 % en 2021-2023[9]. La baisse des volumes et des prix aura donc des conséquences financières majeures pour Madagascar. En outre, bien que le sujet soit peu relayé par les médias nationaux, les petits planteurs sont en plein désarroi, faute d’une stratégie de sortie de crise. Les mesures annoncées pour gérer la crise Les solutions proposées sont classiques et imprécises, témoignant d’une méconnaissance des rapports de force et de l’évolution rapide du commerce international. De plus, elles mentionnent peu d’appuis concrets pour les petits planteurs, actuellement en grande difficulté. La réduction du nombre d’exportateurs agréés pourrait être une bonne mesure si elle permet de limiter la captation de valeur par les intermédiaires. Toutefois, le risque est de créer un monopole d’exportateurs sans argument de compétitivité, uniquement focalisés sur la maximisation des volumes.  Il conviendra d’examiner la transparence de l’attribution des licences d’exportation. En cas d’opacité, la perte de confiance des investisseurs et importateurs internationaux sera irréversible, laissant le champ libre à des concurrents comme l’Indonésie et l’Ouganda. Rétablir des prix planchers à l’exportation sans dispositif organisé serait une erreur. Contrairement au cacao ou au café, la vanille n’est pas cotée en bourse mais négociée en contrats directs (« one-to-one »). Madagascar pourrait imposer ses conditions selon les cycles, mais ce sont généralement les importateurs qui fixent les prix. La durabilité est devenue un critère essentiel pour les acheteurs. L’organisation Sustainable Vanilla Initiative (SVI) regroupe les 45 acteurs majeurs du secteur. Pour eux, l’approvisionnement durable implique : La traçabilité des produits, Le soutien effectif aux producteurs, Le respect de l’environnement, La prévention des risques climatiques, Une gouvernance transparente, Des standards d’hygiène et de qualité rigoureux. Seuls quelques exportateurs malgaches avaient réussi à se conformer à ces critères. Cependant, signe encourageant, une vingtaine d’exportateurs malgaches ont rejoint la SVI en 2024. Que faut-il savoir du marché de la vanille naturelle ? Trois grandes catégories de vanille existent : « Gourmet» : haut de gamme, destinée aux boutiques spécialisées. « Extraction» ou « splits » : qualité intermédiaire pour les industriels et les consommateurs. « Cuts» : destinée aux usages industriels (poudres, huiles essentielles, cosmétiques). Du côté des producteurs, la grande majorité, qualifiée de « petits », a longtemps travaillé de manière indépendante, vendant leur vanille verte à des intermédiaires dont beaucoup se contentaient de la revendre à de petits exportateurs souvent peu scrupuleux sur la qualité. Cependant, certains de ces paysans ont adhéré à des organisations structurées, comme l’entreprise Sahanala, qui leur offre des avantages sociaux (infrastructures d’éducation et de santé, fourniture de produits alimentaires à bas prix ou gratuitement) en échange du respect des normes de qualité bio imposées par des importateurs garantissant l’achat de toute leur production. Malgré la crise, certaines de ces structures restent actives et seront appelées à se développer davantage avec l’adhésion croissante des exportateurs aux normes SVI. Vanille naturelle ou synthétique ? La vanilline, principal composé aromatique de la vanille, est largement utilisée dans l’industrie agroalimentaire. Cependant, en raison de la rareté et du coût élevé de la vanille naturelle, la majorité de la vanilline utilisée est synthétique. Cette vanilline synthétique est produite à partir de substances telles que le gaïacol ou la lignine, et son coût est significativement inférieur à celui de la vanille naturelle. Par exemple, la vanille naturelle extraite des gousses séchées de l’orchidée du genre Vanilla est coûteuse, étant ultimement vendue aux consommateurs à plusieurs milliers de dollars le kilogramme, tandis que la vanilline synthétique coûte généralement entre 10 et 20 dollars le kilogramme[10]. Cette différence de coût rend la vanilline synthétique particulièrement attractive pour les industries alimentaires, notamment dans des produits comme les glaces à la vanille, où l’utilisation de vanille naturelle serait prohibitive en termes de coût. Quel impact sur Madagascar ? Madagascar, en tant que principal producteur de vanille naturelle, est directement affecté par la concurrence de la vanilline synthétique. La disponibilité d’une alternative synthétique moins coûteuse réduit la demande

Madagascar : L’économie fantôme d’une nation spoliée

Abstract Malgré sa richesse en ressources naturelles, Madagascar peine à se développer économiquement en raison d’une fuite massive des revenus, d’une fiscalité faible sur les multinationales et d’une économie souterraine florissante. Le PIB du pays en 2023 s’élevait à 14,6 milliards d’euros, mais les recettes fiscales ne représentaient que 12,8 % du PIB, l’un des taux les plus bas au monde. L’article met en lumière les failles du système fiscal malgache, notamment les exonérations fiscales pour les multinationales, le manque de transparence dans les contrats miniers et la faiblesse des contrôles douaniers. Une large part des richesses du pays échappe aux caisses de l’État à travers des mécanismes d’évasion fiscale sophistiqués, tels que la sous-déclaration des volumes exportés, la facturation interne entre filiales et le transfert des bénéfices vers des paradis fiscaux. Le secteur minier, en particulier, est pointé du doigt : les multinationales exploitent les ressources naturelles du pays tout en minimisant leur contribution fiscale. Des témoignages révèlent que les volumes réels d’exportation de minerais comme l’ilménite et le cobalt sont largement sous-estimés. Par ailleurs, des milliards d’euros de richesses naturelles quittent le pays via des circuits informels, notamment en ce qui concerne l’or et les pierres précieuses. L’article propose plusieurs réformes pour améliorer la situation, notamment le renforcement des contrôles douaniers, la lutte contre l’évasion fiscale, la renégociation des contrats miniers et la diversification économique. En l’absence de mesures concrètes, Madagascar restera piégé dans un système favorisant les intérêts des élites locales et des investisseurs étrangers au détriment du développement national. Télécharger l’article :  Ici 🗞

Du désespoir à l’espérance

Du Désespoir à l’Espérance Dans un monde où les inégalités persistent, comment conjuguer foi et engagement concret ? Cette conférence, organisée par la Fraternité Protestante des Malgaches et Malgachophiles de France (FPMMF), propose un échange riche entre deux témoins de retour de Madagascar, un pasteur engagé en France et une personnalité de la vie publique malgache. À travers leurs regards croisés, ils partageront leurs expériences et leurs actions caritatives pour répondre aux défis sociaux et économiques de Madagascar. Ce dialogue mettra en lumière la dure réalité du quotidien malgache et les différences de perception entre ceux qui vivent sur place et ceux qui, de l’extérieur, agissent pour un avenir meilleur. Un temps de débat et de réflexion invitera chacun à s’interroger : comment transformer l’espérance en engagement concret ? Quels projets de société pour Madagascar ? Une opportunité unique d’allier témoignage, réflexion et action solidaire. 🚩Attention : Nombre de places limité : 80 🪑 📍En Présentiel – DEFAP 102 Bd Arago 75 014 Paris #Diapason_Think_Tank #Madagascar  

Entre Impunité et Répression – L’Érosion des Principes Démocratiques

  Diapason est un « think tank » qui veut poser des questions, nourrir le débat, valoriser les initiatives et favoriser l’innovation socio-économique et politique pour le développement de Madagascar. Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du think tank.  Nos valeurs Boussole / Cap Indépendance politique Multiculturel Vision à long terme Trait d’union entre savoir et pouvoir Éducation Recul nécessaire Liberté d’action Disruptif Bonne lecture ! § Entre Impunité et Répression : L’Érosion des Principes Démocratiques Les événements des dernières années nous montrent, malheureusement, un déclin inquiétant de la démocratie à Madagascar. Au lieu de servir les intérêts du peuple, ceux qui détiennent le pouvoir semblent de plus en plus tourner le dos à leurs responsabilités, agissant selon des règles qui leur sont propres, souvent loin des attentes des citoyens. Les institutions essentielles pour la démocratie, telles que les journalistes chargés de dénoncer les abus de pouvoir, les tribunaux censés garantir l’égalité devant la loi, et les ONG protégeant les droits fondamentaux, sont aujourd’hui réduites au silence. Elles sont étouffées par la peur des représailles et l’ingérence politique, incapables d’agir librement. L’État de droit, pierre angulaire de toute démocratie, est en train de se désintégrer sous nos yeux. Ce n’est plus un simple problème institutionnel, mais un défi existentiel pour notre avenir collectif. En regardant de près l’évolution de ces dernières années des six domaines clés liés à la démocratie, on constate que : Justice – L’indépendance de la justice est systématiquement bafouée par les ingérences politiques, et le manque de moyens a paralysé un système judiciaire déjà fragile. La Constitution elle-même est ignorée, et les libertés fondamentales sont en péril. Lutte contre la corruption – Les agents publics et les hauts fonctionnaires et hauts gradés surtout, mus par un désir insatiable de gains faciles et protégés par une impunité totale, ont institutionnalisé pratiquement la corruption. Les affaires scandaleuses médiatisées restent impunies, et les lanceurs d’alerte sont laissés sans protection. Liberté des médias – La presse, qui devrait être un rempart contre les abus de pouvoir, est désormais sous pression. De nombreux médias sont contrôlés par ceux-là mêmes qui devraient être surveillés, compromettant leur impartialité et leur rôle de gardien de la vérité. Contre-pouvoirs – Des lois adoptées dans l’urgence sont pensées pour court-circuiter les mécanismes de contrôle démocratiques. Les institutions censées protéger les droits des citoyens sont réduites au silence, et les élections, cœur de la démocratie, sont sérieusement menacées. Espace civique – Les ONG, essentielles à la défense des droits humains, sont attaquées et privées de leurs moyens d’action. Les manifestations pacifiques sont réprimées violemment, et de nouvelles lois toujours plus restrictives rendent toute forme d’opposition dangereuse. Droits humains – Les libertés de parole, d’association et de réunion sont de plus en plus restreintes. Les autorités utilisent la force excessive contre les manifestants, étouffant toute velléité de contestation. Nous ne pouvons plus ignorer cette érosion des principes démocratiques. L’heure est venue de réagir. La démocratie n’est pas un luxe, mais une nécessité pour garantir la justice sociale, les libertés individuelles et l’équité pour tous les Malagasy. Il est impératif de rétablir l’État de droit, de protéger nos institutions et d’affirmer nos droits fondamentaux. Unissons-nous, citoyens malagasy, pour redonner vie à la démocratie. Ne laissons pas l’impunité et la répression détruire nos rêves de liberté et de bonheur dans la paix. Zaza Ramandimbiarison   Télécharger l’article :  Ici 🗞

Mantchini Traoré : Accompagner et Former la Jeunesse pour l’Afrique de Demain

Abstract Cet entretien avec Mantchini Traoré met en lumière son engagement en faveur d’un développement africain centré sur la jeunesse et la culture. Issue du Mali, elle a bâti un parcours unique, alliant expertise institutionnelle et travail de terrain dans les industries culturelles et créatives. Son initiative phare, L’Instant Thé, repose sur une approche « bottom-up », où les jeunes deviennent acteurs du changement au sein de leur communauté. Inspiré du concept malien des Grins – espaces de discussion et de réflexion –, ce programme accompagne les jeunes dans leur engagement citoyen et leur apprentissage de l’entrepreneuriat social. L’objectif est clair : former une génération de leaders capables de répondre aux défis du continent par des solutions locales et durables. L’impact est tangible : après plusieurs éditions au Mali, 300 jeunes engagés et 15 projets communautaires ont vu le jour. Ces initiatives touchent des secteurs variés, de l’environnement à l’autonomisation des femmes, en passant par la lutte contre la toxicomanie. L’approche innovante de L’Instant Thé s’appuie sur la culture, le digital et la création artistique comme outils d’éducation et de sensibilisation. Dans la continuité de ces actions, deux nouveaux projets innovants renforcent cette dynamique de transformation : Sa collaboration avec l’ONG RAES dans le cadre de leur programme Alley-Oop Africa, un projet panafricain mêlant sport, engagement citoyen et médias digitaux, destiné à sensibiliser et accompagner les jeunes dans leur développement personnel et collectif. À travers une docu-série et une académie de formation au Sénégal, il mobilise des jeunes de 7 pays africains, en s’appuyant sur la notoriété du basket et des sportifs de haut niveau pour diffuser des valeurs de solidarité et de responsabilité. L’internationalisation de L’Instant Thé, avec une adaptation du concept dans un autre pays d’Afrique de l’Ouest, en partenariat avec le ministère en charge de la jeunesse. L’objectif est de structurer une communauté de jeunes leaders à l’échelle régionale, en leur offrant un cadre de formation, de mentorat et d’action pour répondre aux défis locaux. Cet engagement s’inscrit dans une vision plus large du panafricanisme appliqué, où le développement repose avant tout sur les ressources humaines et culturelles locales. Pour Mantchini Traoré, l’avenir de l’Afrique se joue sur sa jeunesse : lui offrir les moyens de se former, d’innover et de s’impliquer est la clé d’un développement durable et autonome. Télécharger l’article :  Ici 🗞

Combattre la pauvreté par l’éducation

Abstract Nous analysons le lien entre éducation et pauvreté à Madagascar, soulignant que plus de 75 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (2022). L’étude met en évidence le rôle crucial de l’éducation pour briser ce cycle et révèle que le niveau de scolarisation influence directement le taux de pauvreté : 97 % des analphabètes sont pauvres, contre seulement 17 % pour ceux ayant poursuivi des études supérieures. Malgré un taux de scolarisation primaire élevé, la rétention scolaire est faible et la majorité des enfants n’acquièrent pas les compétences de base. L’article pointe également les lacunes du système éducatif en termes de financement, d’infrastructures et de formation des enseignants. Il plaide pour des investissements à long terme et une stabilité des politiques éducatives afin d’assurer un développement durable et inclusif pour Madagascar. Télécharger l’article :  Ici 🗞 Lecture de l’article 6 minutes et 16secondes Des « capabilités » pour ne pas confiner la démocratie aux mécanismes institutionnels. La conférence sur le thème : « Où en sommes-nous de la démocratie à Madagascar ? » nous aura permis de circonscrire le concept au travers de deux courants d’opinions, antithétiques, qui dominent les échanges (Pr Jean-Fabien Spitz) : une large majorité reconnaît à la démocratie, expression de la volonté collective, une souveraineté par nature, que lui refusent les tenants de la conception dite substantielle, qui y voient, au contraire, « quelque chose de très dangereux » dont l’expression doit être contrôlée si on veut lui conférer quelque légitimité. Bref, on a affaire à une notion tellement « élastique » que la plupart des dirigeants se réclament de la démocratie sans craindre d’être taxés de démagogues. Les études ont montré qu’une définition littérale, formelle, de la démocratie ne saurait suffire d’autant qu’elle peut être mise en œuvre de différentes manières selon les pays, les cultures et les périodes historiques. Il existe donc plusieurs types de démocraties : directes, indirectes, représentatives, participatives, etc., à des degrés divers qui plus est. Ajoutons qu’au-delà des voies d’exercice du pouvoir proprement dites, une démocratie fonctionnelle repose sur des principes fondateurs censés permettre de garantir aux citoyens – qui concourent à l’expression de la volonté collective – la capacité de disposer de conditions de vie dignes et de droits fondamentaux, parmi lesquels figurent en bonne place l’expression des opinions politiques et la participation aux élections. Amartya Sen fait appel à d’autres critères d’appréciation. Les choses ne sont pas aussi simples pour autant, à en croire notamment l’économiste indien Amartya Sen, qui pousse la réflexion à un autre niveau en conjuguant développement et philosophie politique pour ne pas cantonner la démocratie aux simples mécanismes institutionnels. Les décisions politiques ou économiques, prises au niveau collectif, découlant foncièrement d’un arbitrage imparfait entre les besoins exprimés, Amartya Sen estime que les inégalités entre les individus ne s’apprécient pas au regard de leurs seules dotations en ressources mais de leurs capacités à les convertir en libertés réelles, ce qu’il appelle les « capabilités ». Sa théorie défend « la possibilité pour les individus de faire des choix parmi les biens qu’ils jugent estimables et de les atteindre effectivement ». De faire des choix et de le faire savoir. Il s’agit de capacités élémentaires : opportunités et moyens réels dont dispose une personne pour atteindre ses objectifs et aspirations, libertés substantielles telles que la faculté d’échapper à la famine, à la malnutrition, à la morbidité évitable et à la mortalité prématurée, aussi bien que les libertés qui découlent de l’alphabétisation, de la participation politique ouverte, de la libre expression, etc. La participation politique, qui inclut le droit de vote, figure au rang des capabilités fondamentales en ce qu’elle permet aux individus d’influencer les décisions qui affectent leur vie, contribuant ainsi, dans une sorte de relation circulaire, à favoriser la réalisation d’autres capabilités. Mais, pour que le droit de vote soit une capabilité réelle – un choix éclairé – les individus doivent être informés et éduqués sur les questions politiques et sociales. La cohérence est pertinente : dès lors que, par leur vote, les électeurs peuvent influencer la formation de politiques publiques qui affectent directement leur bien-être (éducation, santé, logement, emploi, etc.), cela peut mener à des améliorations dans les capabilités individuelles et collectives. À supposer, bien entendu, que les organisateurs des consultations aient véritablement ce genre de préoccupations en tête. Les mesures d’accompagnement indispensables sont connues : accès à l’information, garanties des conditions matérielles permettant de se rendre aux urnes, sécurité du scrutin à chaque étape, voies de recours, etc. Des concepts « peu opérationnels ». L’approche par les capabilités d’Amartya Sen est innovante dans la mesure où elle a permis de remettre l’individu au centre des préoccupations dans la réflexion sur la démocratie. Offrant une vision plus complète et nuancée du développement humain, elle a notamment inspiré des initiatives comme la création de l’Indice de Développement Humain (IDH) utilisé par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD). Les critiques portent principalement sur la complexité de l’approche en raison du caractère protéiforme des capabilités et des difficultés pratiques pour les mesurer de manière précise et cohérente. En absence d’une liste établie des « capabilités de base », identifier quelles capabilités seraient plus importantes que d’autres ne peut éviter l’écueil de la subjectivité, d’autant que l’objet de l’étude varie selon les contextes culturels et individuels. À cela s’ajoute une praticabilité sujette à caution, dans la mesure où la mise en œuvre de politiques basées sur cette approche nécessiterait des ressources considérables en termes d’administration des programmes, de coordination intersectorielle, voire de simple compréhension des contextes locaux. D’aucuns ont pu discuter le caractère opérationnel des concepts développés par Amartya Sen pour analyser et évaluer les problèmes de développement dans les différents pays et régions, encore moins pour suggérer des politiques publiques. Il n’en reste pas moins qu’en dépit de ces réserves, l’approche par les capabilités reste une contribution majeure aux débats sur le développement humain et les politiques sociales.  Alain Rasendra. (Pour Diapason, Mars 2025). Rédaction – Diapason.

« Énergie à Madagascar : sortir de l’impasse ? Décryptage avec des experts » (Vidéo)

  « Énergie à Madagascar : sortir de l’impasse ? Décryptage avec des experts » Madagascar fait face à une crise énergétique profonde, freinant son développement économique. Avec seulement 36 % de la population ayant accès à l’électricité, et des zones rurales largement laissées pour compte, le pays est en situation de sous-électrification critique. La JIRAMA, entreprise publique en charge de l’électricité, affiche des pertes abyssales avec un coût de production atteignant 2 946 ariary/kWh (0,74€) contre un tarif de vente moyen de 372 ariary/kWh (0,09€). En 2023, sa dette cumulée a dépassé 625 millions USD, et l’État dépense 227 millions USD par an en fuel lourd pour des centrales inefficaces. Pourtant, Madagascar regorge de ressources hydroélectriques : 403 sites ont été recensés, dont 134 sites stratégiques pouvant doubler ou tripler la production nationale. Mais le manque d’investissements et la mauvaise gouvernance empêchent leur exploitation. Face à cela, le Plan Énergétique Intégré (PEI) prévoit 7,03 milliards USD d’investissements d’ici 2030, avec une stratégie axée sur les mini-réseaux solaires hybrides, les systèmes photovoltaïques individuels et l’expansion du réseau hydroélectrique. Cependant, sans une réforme profonde de la JIRAMA et une participation accrue du secteur privé, ces projets risquent de rester au stade de promesses. L’exemple de pays comme la Malaisie, le Rwanda ou la Côte d’Ivoire montre que le développement énergétique passe par l’implication des entreprises privées. Madagascar doit s’inspirer de ces modèles pour sortir de l’impasse énergétique et amorcer une transformation économique durable.   #Diapason_Think_Tank #Madagascar

Webinaires – Ainga & Ako – Restitution

Le Think Tank Diapason organise son prochain Webinaire : 🗓 Vendredi 30/05/25 🕕 à 18h (Fr) > ou 19h (Madagascar) En direct sur Facebook : https://www.facebook.com/diapasonmg YouTube : https://www.youtube.com/@diapasonmada/streams Le thème que nous aborderons avec nos 3 panélistes : La restitution de l’enquête Ainga & Ako Venez poser vos questions ! Avec, Mireille Razafindrakoto (Directrice de recherche IRD – DIAL) François Roubaud (Directeur de recherche IRD – DIAL) Jean-Michel Wachsberger (Enseignant-chercheur en sociologie à l’Université de Lille et membre du CeRIES) 🎯 Connaître, Comprendre, Agir : la diaspora malgache au cœur d’une enquête inédite Et si vous pouviez participer à écrire une nouvelle page de l’histoire entre Madagascar et sa diaspora ?Lancée par des chercheurs de l’IRD et soutenue par l’AFD, l’enquête AINGA & AKO est la première grande opération participative visant à dresser un portrait fidèle, complet et vivant de la diaspora malgache – dans toute sa diversité, son engagement, et son potentiel de contribution au développement du pays. Deux volets complémentaires : AINGA : une enquête ouverte à toutes les personnes ayant un lien avec Madagascar, même lointain.               > Pour accéder à l’enquête Ainga : https://bit.ly/aingamg. L’enquête est bien entendu strictement anonyme et aucune question n’est obligatoire. Sentez-vous donc très libre ! AKO : un état des lieux du tissu associatif franco-malgache, de ses synergies et de ses actions. > Pour accéder à l’enquête Ako : https://ee.kobotoolbox.org/x/9WRubqv4. Mais vous pouvez également vous mettre en contact avec l’équipe pour qu’on vous appuie pour le remplissage du questionnaire. L’enjeu est simple mais ambitieux : donner à la diaspora les moyens de peser dans les choix de demain. Pour cela, nous avons besoin de vous.Votre voix compte. Vos idées aussi.Participez à l’enquête. Rejoignez le mouvement. 🔍 Notre webinaire de fin mai vous expliquera comment. À vous d’agir. Si vous souhaitez avoir plus d’information sur ce projet, si vous avez des questions, n’hésitez pas, vous pouvez répondre à ce message ou envoyer un message à aingasyako.hotline@ird.fr. #Diapason_Think_Tank #Madagascar

Comité de Rédaction